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Chroniques
Pascal Rophé dirige l’Orchestre national de Lyon
David Kadouch joue le Concerto Op.22 n°2 de Camille Saint-Saëns
Qui a dit que nos orchestres et donc, du coup, le public hexagonal négligeaient par trop la défense et l’illustration de la musique française ? C’était au siècle dernier ! En ce début de millénaire, force est de constater que ce reproche n’est plus d’actualité. L’Orchestre national de Lyon est parmi ceux qui démontrent assez évidemment la chose : il vient de consacrer coup sur coup deux concerts aux compositeurs de la grande école d’hier et d’avant-hier, dans le cadre tout à fait adéquat de son auditorium. L’année dernière – c’est-à-dire il y a quelques semaines – le bon Maurice ouvrait justement le bal en compagnie de ses confrères André Caplet, Claude Debussy et Camille Saint-Saëns, et avec la complicité du violoniste Renaud Capuçon [lire notre chronique du 19 décembre 2013]. Aujourd’hui le même Camille reprend du service, encadré par Berlioz, Franck et Dukas, cette fois-ci avec un pianiste de la jeune génération : David Kadouch [photo].
Dès les premières mesures de son Andante sostenuto initial, le Concerto pour piano en sol mineur Op.22 n°2 permet de savourer pleinement les qualités musicales du soliste, son phrasé impeccable mais sans raideur, son art subtil dans un touché toujours expressif et en situation, la maîtrise pleine et entière du staccato. Cette adéquation parfaite avec l’œuvre reste identique dans le deuxième mouvement, Allegro scherzando, alors que le vigoureux Presto final bénéficie d’une technique de haut vol, mais sans forfanterie de clavier, pourtant si tentante ici. Il faut dire que le jeune homme bénéficie de deux compagnons de route tout aussi doués et motivés. Tout d’abord la direction attentive, précise, complice de Pascal Rophé qu’on a un peu trop vite classé comme un acteur de la musique contemporaine et qu’on découvre très à son aise dans le répertoire ; il fédère superbement les divers pupitres. Car la phalange lyonnaise est, elle aussi, parfaitement partie prenante dans cette fascinante aventure musicale, dans les tutti comme dans les traits solistiques.
La chose habite déjà Le chasseur maudit FWV 44, poème symphonique de César Franck (1882) donné en début de soirée, avec son scherzo diabolique à souhait, puis l’Ouverture de Béatrice et Bénédict d’Hector Berlioz. Elle éclate tout à fait dans la Symphonie en ut majeur de Paul Dukas (1896), ciselé de mains de maître par le chef et défendue par des musiciens visiblement en pleine harmonie avec leur leader d’un soir – bref, des musiciens heureux.
GC