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Chroniques
Quatuor Diotima
cycle Beethoven|Boulez|Schönberg I
Passionnant cycle que celui présenté par le Quatuor Diotima à l’initiative de ProQuartet ! Quatre rendez-vous plongeront l’écoute dans le Livre pour quatuor de Pierre Boulez, mis sous la protection des quatre dernières grandes pages conçues par Beethoven pour cet effectif et des quatre opus de Schönberg.
Le modèle ? En 1937, à Los Angeles, le Quatuor Kolisch créait le Quatuor n°4 du Viennois lors d’une série qui associait ses œuvres aux mêmes Beethoven. S’il est quelques compositeurs du passé à particulièrement compter dans l’univers boulézien, ce sont précisément Beethoven et Schönberg (mais encore Stravinsky). Aussi l’« actualisation » du modèle s’avère-t-elle d’une pertinence indiscutable. Le premier des quatre rendez-vous de Diotima aux Bouffes du nord laisse cependant entrevoir un conflit entre le projet et sa réalisation.
Tout d’abord, et quand bien même le fragment n’est pas étranger à l’esthétique de Boulez, « saucissonner » le Livre en quatre moments n’en favorise guère une perception très cohérente, avouons-le. On se souvient d’un week-end ProQuartet de juin 2001 : c’était à Fontainebleau et le Quatuor Parisii donnait ce même Livre alors entrecoupé de la parole du compositeur, aussi présent à cet atelier qu’il s’y confessait distant d’une œuvre tenue longtemps éloignée de son catalogue officiel. Encore en présentait-il succinctement quelques aspects, l’événement faisant son sujet de la transcription (ou extension, ou prolifération, selon les cas), qu’il s’agisse de l’opus 5 de Webern, de la Suite lyrique de Berg ou de cette page de 1948 où puise le Livre pour cordes de 1968. Depuis, Pierre Boulez a tout récemment remis son quatuor sur le métier, collaborant étroitement avec Diotima pour cette quasi-réhabilitation d’une facture densément sérielle, bien ancrée dans ces années d’après-guerre (contemporaines des Notations pour piano).
La lecture de ce soir soigne hardiment le pianissimo de la section Ia qu’elle articule d’accents nettement frappés, livrant une Ib à la rigueur toute webernienne – qui entre parfaitement dans ce malentendu évoqué par Alain Galliari quant à la radicalité des interprétations de la musique de la Seconde École de Vienne, dans les années cinquante (in Anton von Webern, Fayard, 2007).
À l’inverse, le Quatuor en ré mineur Op.7 n°1 de Schönberg, dont presque rien encore nourrirait les futurs rhizines bouléziens (nous sommes en 1905), se voit honoré d’une interprétation des plus lyriques, dans un élan presque « romantique » véhiculé par une respiration littéralement chantée. Voilà donc une conclusion à la musicalité intensément concentrée, qui contredit les premiers pas de la soirée, à savoir un Quatuor en mi bémol majeur Op.127 n°12 aussi fermement dessiné qu’asséné, pour ainsi dire, d’un dur fonçoir quelque peu en avance, expressivement parlant, sur la deuxième pièce du programme. À suivre…
BB