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Chroniques
Quatuor Phædrus
Die sieben letzen Worte unseres Erlösers am Kreuze
Après avoir assisté de bonne heure à la classe de violon d’Ana Chumachenko, soliste argentine d’origine russe qui enseigne aujourd’hui à la Hoschule für Musik de Munich, et qu’Arabella Steinbacher évoquait pour nous il y a quelques mois [lire notre dossier], nous entendons en fin de matinée le Quatuor Phædrus en l’Église de Verbier, dans un programme Haydn introduit par une exécution fort élégante du Quatuor en si bémol majeur Op.33 n°4.
Dès l’Allegro moderato, on constate la grande égalité de jeu du second violon, Yuna Lee, et de l’alto, Kyle Armbrust [photo]. Bien que gracieux, le Scherzo accuse une tendance d’Ilya Gringolts (premier violon) à concevoir cette page comme un concerto accompagné d’un trio à cordes. L’idée n’est pas intégralement fausse, mais la rendre exclusive n’est pas plus juste. De ce fait, tant soignés qu’ils soient, les Largo et Presto demeurent peu habités. La matinée s’achève par la seconde version de Die sieben letzen Worte unseres Erlösers am Kreuze, imaginée par Haydn pour diffuser son œuvre, initialement conçue pour orchestre, suite à la commande que lui en avait faite l’Église Santa Cueva de Cadix où elle fut créée lors de la Semaine Sainte de 1787, et qui donnerait naissance plus tard à un oratorio (1796), puis à une transcription pour pianoforte dont l’auteur demeure inconnu, publiée par Hofmeister en 1801.
C’est avec une véhémence enthousiaste que les quartettistes s’engagent dans l’introduction Maestoso, servant ensuite chaque méditation d’une sonorité très travaillée, magnifiquement soutenue par le violoncelle de Dmitri Kouzov, toujours minutieusement nuancé. Sans chercher une illustration littérale de la source inspiratrice, l’interprétation demande une concentration, voire un recueillement ici rencontré dans Consummatum est, mais dont l’ensemble de l’exécution manque par ailleurs. Nous garderons toutefois le souvenir d’un Terremoto crédible et saisissant, et l’espoir qu’une maturité à venir livre un jour d’autres secrets à Phædrus.
BB