Chroniques

par gérard corneloup

Quatuor Terpsycordes
œuvres de Beethoven, Haydn et Ligeti

Festival d’Ambronay / Salle Monteverdi
- 16 septembre 2012
le Quatuor Terpsycordes photographié à Ambronay par Bertrand Pichene
© b. pichene

À côté des chefs grande taille et des orchestres tout pupitres dehors, le Festival d’Ambronay sait aussi accueillir et faire la part belle aux ensembles instrumentaux de format plus concentré, vocaux ou mixtes, en particulier dans la zone toujours un peu risquée mais souvent passionnante des « jeunes artistes », occasion de découvertes aussi charmantes que prometteuses où la vitalité, fondue avec une once de témérité et une communion fédératrice, laisse présager un avenir de premier plan.

C’est tout à fait le cas avec les quatre interprètes du Quatuor Terpsycordes [sur cet ensemble, lire notre chronique du 2 septembre 2007 et notre critique CD Schubert], lesquels ont adopté une audacieuse démarche quant à leur interprétation : ils jouent autant sur instruments modernes que sur instruments anciens, selon le répertoire abordé. Et, disons-le d’emblée, ils défendent l’un et l’autre avec le même bonheur (Raya Raytcheva et Girolamo Bottiglieri aux violons, Caroline Cohen-Adad à l’alto et François Grin au violoncelle). Le Quatuor en mi bémol majeur Op.33 n°2 (1781) de Joseph Haydn, surnommé « La Plaisanterie », revit avec brio mais raffinement, avec élans mais délicatesse, autour de son mouvement central au tempo de valse. Non loin, tout proche, mais dans un climat évidemment fort différent, déjà nappé dans les élans romantiques, le Quatuor en la mineur Op.132 n°15 (1823/25) de Ludwig van Beethoven ne le lui cède en rien côté finesse du trait et cohésion des pupitres.

Changement radical, tant au niveau du discours musical qu’à celui des instruments, désormais délibérément modernes, avec le Quatuor n°1 « Métamorphoses nocturnes » (1953/54) de György Ligeti, une partition encore assez rarement donnée, ne serait-ce qu’en raison des difficultés structurelles, constructives et fédératives qui volontiers y jouent avec vitalité, célérité, spontanéité et fusion des quatre interprètes. Malgré l’acoustique un rien désordonnée de la toute nouvelle Salle Monteverdi, sa température subtropicale et ses spots agressifs, le courant passe positivement entre la scène et la salle où opère pleinement la magie musicale, où l’émotion de plus d’un mélomane… perle discrètement au coin de l’œil. Merci, quatre fois merci.

GC