Chroniques

par bertrand bolognesi

récital François-Xavier Poizat
œuvres de Liszt et Schumann

Festival International de Piano de La Roque d'Anthéron / Parc du Château de Florans
- 8 août 2007
le jeune pianiste François-Xavier Poizat à La Roque d'Anthéron 2007
© sylvain couzinet-jacques

Grenoblois de dix-huit ans qui étudia auprès de Martha Argerich, Nelson Goerner, Alexis Golovine, Evgueni Koroliov, Vladimir Krainev et Dominique Merlet, François-Xavier Poizat donne cet après-midi un programme romantique à La Roque d’Anthéron. Les Études symphoniques et variations posthumes Op.13 de Robert Schumann ont de quoi révéler la virtuosité d’un interprète. Aussi distingue-t-on un jeu précis qui sait se garder de toute emphase et modère sagement la pédalisation. Si la vélocité est joueuse et rafraîchissante, le ton demeure convenu et le style mérite un travail plus approfondi. L’on ne saurait dire que le musicien manque de maturité, puisqu’à son âge, il serait grandement malsain qu’il en ait trop.

Les Grandes études de Paganini de Ferenc Liszt sont rarement données dans leur intégralité. Sans compter, François-Xavier Poizat y lance sa belle santé. L’on remarquera néanmoins, quoique le cœur y soit, quelques inexactitudes et maladresses dans Il tremolo et l’Andantino capriccioso, la fameuse Campanella bénéficiant d’un jeu plus sûr. L’anecdotique Arpeggio ne prétend rien de plus que ce qu’il est, et c’est fort bien ainsi, tandis que La chasse révèle une plus sensible préoccupation du style, croisant Couperin et Scarlatti, que l’inégalité des glissati ne ternit pas.

Le hasard des accréditations de places presse nous ayant totalement excentrés par rapport à la scène, il est relativement difficile de nous faire une idée plus précise de ce jeune talent. Depuis les rangs placés à l’extrême gauche des gradins de côté, ceux qui se trouvent isolés par la coque sertissant l’émission sonore du plateau, l’on admire le veston blanc de l’artiste et un piano ouvert vers la droite dont le couvercle projette les sons sur la touche opposée du terrain – présentant, elle, le désavantage d’être encore ensoleillée à cette heure-ci (vaut-il entendre moins au frais qu’entendre mieux en cuisant, « that is the question »). Arrivé à notre gauche, le vent, pousse plus loin encore la vibration vers la droite. Mais personne ne commande le mistral… Ces choses qui arrivent aident, du reste, à se rendre compte de ce que le public, selon qu’il est placé ici ou là, goûte ou non d’un concert. Aussi voudra-t-on bien ne nous en vouloir pas de peu nous appesantir sur ce moment.

BB