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Chroniques
récital Jonathan Gilad
œuvres de Beethoven, Liszt et Mozart
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C'est un récital en crescendo que donne Jonathan Gilad, autour de trois sonates jouées dans leur ordre chronologique de composition : la Sonate en ut majeur K.330 n°10 de Mozart (1783), la Sonate en fa mineur « Appassionata » Op.57 n°23 de Ludwig van Beethoven (1804-1805) et la Sonate en si mineur de Ferenc Liszt (1852-1853).
D'une structure classique, celle de Wolfgang Amadeus Mozart annonce déjà le romantisme. La forme Lied de l'Andante cantabile, ses harmonies et sa basse sont, rétrospectivement, déjà très schubertiennes : s'il faut y voir un trait général de l'esprit viennois, il revient à de plus savant de le dire, mais nous sommes redevables au pianiste d’en révéler la filiation. Très décidé, le jeu, bellement articulé, approfondi d'un rubato discret, ne souffre pas de quelques phrases liquides un peu brouillonnes, et sert avantageusement l'œuvre.
Nous sommes plus réservés, en revanche, sur les interprétations suivantes. Si une certaine emphase est propre à servir la circulation du thème du premier mouvement de l'Appassionata, le manque de maîtrise des résonances dans le graves – notamment le groupe de quatre notes qui anticipe sur le thème de la Symphonie n°5 – nuit à l'écoute, la portant parfois à la limite de l'intelligible. Par contraste, le maniérisme méditatif dont se soutiennent trop souvent les variations du deuxième mouvement ne permet guère de véritablement s’y installer. Et la belle exécution despiani du dernier pâtit souvent de la vigueur de fortissimi broyeurs de son, dans un climat certes Sturm un Drang mais, somme toute, assez artificiel.
Il en va de même de la Sonate de Liszt. Les contrastes y sont toujours marqués, sans intention particulière, semble-t-il. Honnête, articulé, mais lourd plutôt que dynamique sur les forte, précieux dans les rubati, répétitif dans ses effets, le jeu ne nous approchera pas de la partition. Cette sensation que le concert passe à côté ne sera pas démentie par trois bis généreusement offerts – deux Préludes de Rachmaninov, dont l’Op.23 n°5, et l'Impromptu Op.90 n°2 de Schubert.
MD