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Chroniques
récital Olga Peretyatko
œuvres de Rachmaninov, Strauss et Tchaïkovski
Qui a dit qu’un bonheur ne vient jamais seul ? Une chose est sûre, dont les mélomanes lausannois peuvent témoigner : la scène rénovée de leur opéra qui, pour sa réouverture, vient d’accueillir une fort belle production de L’Elisir d’amore de Donizetti [lire notre chronique], dominée par l’éblouissante Adina de la jeune Olga Peretyatko, leur a permis d’entendre dans la foulée un magnifique récital donné par le jeune soprano russe.
Le répertoire – russe, justement – offrait d’abord un assemblage heureux de pièces connues et d’autres plus rarement données, réunissant les noms de Piotr Tchaïkovski et de Sergueï Rachmaninov. En particulier l’étonnant Coucou et la délicate Berceuse du premier (Romances), joints à la sensible Ne chante pas, ma belle, en ma présence du second. Puis le ton changeait, avec trois pièces de Richard Strauss, dont Die Nacht, avant que divers chants d’oiseau ne constituent la seconde partie du programme. De Camille Saint-Saëns et son célébrissime Cygne, page majeure du Carnaval des animaux, ici sous forme d’une éloquente vocalise, à La jeune fille et le rossignol, extrait des Goyescas d’Enrique Granados. La voix chaude, expressive, bien modulée, pleine d’aisance, avec son medium large couronné par un aigu rayonnant, célébrait au mieux toutes ces pages.
Mais c’était aussi, pour un public décidément à la fête, l’occasion d’entendre, voire de découvrir, le jeu expressif et le beau tempérament musical du jeune pianiste allemand Matthias Samuil. Dépassant le cadre trop souvent convenu de l’accompagnent, offrant son impeccable art du clavier dans des pièces solistiques, il parait chaque note d’infiniment de fraicheur et de poésie, cultivant avec bonheur l’art du naturel. Deux artistes, un seul bonheur musical.
GC