Chroniques

par bertrand bolognesi

récital Philippe Jaroussky
cantate d’Antonio Vivaldi

Les Concerts Parisiens / Salle Gaveau, Paris
- 29 mars 2005
le contre-ténor Philippe Jaroussky chante Vivaldi à la Salle Gaveau (Paris)
© bertrand bolognesi

Le contreténorPhilippe Jaroussky propose un fort beau programme entièrement consacré à la musique d’Antonio Vivaldi. On l’y retrouve en compagnie d’Artaserse, l'ensemble qu'il a lui-même formé, pour une soirée introduite par Perfidissimo cor ! et son récitatif passionné qui plonge immédiatement dans le vif du sujet. La voix a encore besoin d'un peu se chauffer, semble-t-il, et l'émission reste sagement prudente. Après cette courte cantate (environ dix minutes), Yoko Nakamura interprète au clavier un concerto de l'opus 3 dans la transcription de Bach : le choix d'articulation se veut avant tout vivaldien, sans chercher à évoquer en rien le transcripteur ; la mobilité de la dynamique ne fait cependant pas oublier quelques maladresses récurrentes.

Philippe Jaroussky revient conclure la première partie. Il donne la plus contemplative Qual per ignoto calle, avec une facilité revenue, des vocalises précises et souples. Toutefois, l'évidence à laquelle le chanteur nous habitua n'est pas encore au rendez-vous. Le chant reste tendu, le timbre cherche la couleur et l'espace, quelque chose ne prend pas, étrangement. Rien de désagréable, loin s'en faut, mais un « je-ne-sais-quoi » d'absent.

La seconde partie de la soirée est introduite par Care selve, amici prati. Le timbre s’y révèle plus chaud, la voix s'affirme avec une nette stabilité et les graves pressentis plus tôt sonnent généreusement. Le brio est cette fois bel et bien de la aprtie. L'aigu est toujours aussi lumineux et simple, tandis que le haut-médium demeure problématique. Après la Sonate RV45, les artistes donnent la cantate Pianti, sospiri dans une lecture inspirée. Pour remercier un public enthousiaste, ils offriront trois bis : l'élégant Piangerò sinche l'onda extrait de l'opéra Orlando furioso (rôle de Ruggiero), la première aria de la cantate Alla caccia dell'alme e de'cori, avec beaucoup de relief, et un « numéro » de l'opéra Tito Manlio. Tout au long de ce concert, on apprécie particulièrement les prestations de Claire Antonini au théorbe et de Jérémie Papasergio au basson.

BB