Chroniques

par bertrand bolognesi

résidence Matthias Pintscher

Zermatt Festival / St.Mauritius Pfarrkirche
- 11 et 12 septembre 2009
le compositeur allemand Matthias Pintscher invité du Zermatt Festival
© dr

Après une ouverture baroque, le Zermatt Festival se poursuit par un week-end qui mêle musique d’aujourd’hui et répertoire plus ancien. On se souvient qu’une résidence y est régulièrement proposée aux compositeurs : ainsi de Jörg Widmann en 2006 ou de Brett Dean l’an dernier. Cette cinquième édition accueille Matthias Pintscher, à travers plusieurs de ses œuvres, jouées dans des programmes à l’éclectisme salutaire pour une manifestation de ce type.

Ainsi entendrons-nous deux pièces du cycle Sonic Eclipse, l’une pour trompette et ensemble, l’autre pour cor et ensemble, ainsi qu’A Twilight’s Song sur un poème de Cummings. Complices, les musiciens du Sharoun Ensemble rendent au mieux la délicatesse de facture de ces partitions. Surgie du centre acoustique de l’instrumentarium (alto, violoncelle, alto, flûte, clarinette basse, harpe, piano, percussion) convoqué par A Twilight’s Song comme du cœur des mots, la voix de Marisol Montalvo se joue aisément des écarts d’intervalles, dans une théâtralité où se complait avantageusement son tempérament.

Dans ces opus chambristes, Pintscher fait volontiers usage des procédés chers aux Lachenmann, Sciarrino ou Pesson, les manipulant par un geste plus « classique » dont frappe le raffinement. Celestial Object I débute par les souffles percussifs de la trompette soliste (Jörg Altmannshofer), un roulement de tam et, peu à peu, quelques sons que l’on dira « périphériques » plutôt que « bruitistes », frottés, grattés, etc., jusqu’à l’élévation d’une arche nettement dessinée en petit concerto presque traditionnel, avec son moment calme au centre et sa troisième section qui se résume à un bref final impulsif et brillant. À l’inverse, c’est par l’éclat que commence Celestial Object II pour cor (excellent Stefan de Leval Jezierski) et ensemble, dont la tension redescend tôt vers les « petits sons »évoqués plus haut. Bien ficelé, voilà qui sent pourtant sa manière.

Par ailleurs, les musiciens donnent le Sextuor Op.36 n°2 de Brahms, Leonidas Kavakos assurant la partie de premier violon, en une interprétation tendre et ronde qui sert d’une grande tenue la sérieuse futilité du compositeur. Kavakos dirige également la Symphonie Linz de Mozart, les élèves de l’Académie rejoignant leurs maîtres. Mais c’est assurément le Concerto en ré majeur Op.61 de Beethoven qui bénéficie de la plus probante exécution, un concerto sobrement dirigé de l’archet, ciselant une pâte orchestrale puissante, épaisse même, et cependant infiniment nuancée, à laquelle il oppose une clarté violonistique médusante. Entre force de frappe et délicatesse de la sonorité, voilà un moment d’une grande précision et d’une saine musicalité.

BB