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Chroniques
Ramón Ortega Quero, hautbois
un programme baroque français
Les concerts du jeudi à l’Auditorium du Louvre sont une opportunité d’entendre de jeunes talents pendant une pause méridienne. Aujourd’hui, c’est le premier hautbois du Bayerische Rundfunkt Symphonie Orchester, Ramón Ortega Quero, qui fait son baptême du feu en tant que récitaliste sur les terres françaises. Il est accompagné par Luise Buchberger au violoncelle et Peter Kofler au clavecin, dans un programme de musique française baroque, en écho à l’exposition l’Antiquité rêvée organisée par le Musée du Louvre.
Le programme s’ouvre par le Septième Concert en sol mineur pour hautbois et basse continue extrait des Goûts réunis de François Couperin. Écrite en 1724, cette pièce est un exemple de l’austérité thématique chère à un certain baroque français. L’ensemble présente une monochromie déclinée sous les variantes rythmiques autorisées par le corpus de danses en vigueur. Se succèdent ainsi une ouverture notée Gravement et gracieusement où la pompe le cède au galant, une Allemande, une Sarabande, discrète déploration empreinte d’un lyrisme tout à fait d’époque, une Gavotte, rapide, sapide, libérée de la relative rigueur contrapuntique qui sous-tend la Fuguette qui précède, et une Sicilienne aux couleurs presque italiennes.
On poursuit avec la Sixième sonate en sol mineur de Nicolas Chéville – Vivace, Fuga da Capella, Largo –, page composée en 1739. Dans le mouvement lent conclusif, le clavecin presque en apesanteur se fait écrin pour le hautbois. On revient à la génération précédente avec Charles Dieupart, presque exact contemporain de François Couperin, et sa Sixième suite en fa mineur, publiée en 1720. Les danses se suivent selon l’ordre consacré.
La promenade musicale entre Régence et Rococo s’achève avec le Cinquième concert pour hautbois et basse continue extrait des Pièces de clavecin en concert, parues en 1741. La Forqueray se caractérise par la reprise en imitation de son thème inaugural. La Cupis est une page mélancolique où le hautbois déploie une ligne ornementée sur les soupirs plaintifs du violoncelle et les sonorités égrenées par le clavecin. La Marais, seul morceau en modalité majeure du récital, conclut sur un tempo vif et enjoué, hommage jovial au maître de la viole de gambe.
Le sens du phrasé du soliste espagnol, l’étagement discret et respectueux des pupitres sert élégamment cette musique un rien décorative. S’ils n’ont pas l’assurance de leurs aînés baroqueux, les trois instrumentistes prouvent avec talent que le répertoire français n’est en rien réservé aux spécialistes.
GC