Chroniques

par gérard corneloup

Requiem de Mozart
transcription pour quatuor à cordes

Opéra national de Lyon
- 28 mars 2011
Bertrand Pichène photographie le Quatuor Debussy
© bertrand pichène

La vague mozartienne qui déferle en ce moment, avec bonheur, sur la scène de l’Opéra national de Lyon a suscité, en action aussi parallèle que complémentaire aux trois ouvrages lyriques présentés – Così fan tutte, Le nozze di Figaro, Don Giovanni –, l’audition d’une rareté interprétée de magistrale façon devant une salle archi comble : celle du fameux Requiem écrit par Amadeus en fin de vie, donné pour l’occasion dans sa transcription pour quatuor à cordes concoctée au début du XIXe siècle (retrouvé dans les archives du conservatoire de Milan) par le compositeur et biographe Peter Lichtenthal, un ami du fils Mozart. Une rareté absolue, quasiment réhabilité par le lyonnais Quatuor Debussy.

L’idée était aussi originale que risquée, s’il est vrai que, dès les premières notes de l’œuvre, l’auditeur a dans l’oreille la version habituelle, pour grand orchestre, quatuor vocal et chœurs, laquelle risque fort d’écraser cette plus frêle approche pour seize cordes seulement. Au-delà d’une technique solidement possédée et maîtrisée, tout l’art des instrumentistes – Christophe Collette et Dorian Lamotte au violon, Vincent Deprecq à l’alto, Fabrice Bihan au violoncelle – aura été de créer un monde, une ambiance, faites d’homogénéité, de continuité, de musicalité, mais aussi de recueillement dans un Lacrymosa ciselé avec soin, un Tuba mirum contrasté, un Sanctus frémissant de vie, le tout conclu par un Agnus Dei aux ineffables sonorités moirées.

Un autre Requiem, un autre Amadeus, un autre univers fascinant ici précédé une mise en bouche de qualité : l’interprétation du Quatuor en ut mineur Op.110 n°8 de Dmitri Chostakovitch, un des piliers du répertoire de nos quartettistes. Quant au moment de grâce de ce Requiem, il est loisible de le retrouver sur le disque que le Quatuor Debussy à gravé (DECCA).

GC