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Chroniques
Robert Schumann et Richard Wagner
Catherine Hunold, Orchestre de Limoges et du Limousin, Robert Tuohy
Ah, l'impossible synthèse d'une soirée aussi contrastée où l’Orchestre de Limoges et du Limousinet son directeur musical Robert Tuohy cherchent à concilier deux génies ! En promenade avec Wagner et Schumann, en croisant Beethoven à l'occasion, les forces respectives de persuasion se conjuguent bel et bien, tout près de la confluence idyllique programmée.
L'entrée en matière poétique paraît difficile, sous l'impression d'un manque de rythme, de mots et de ferveur. Mais Siegfried Idyll (1870) offre une récompense fine et monumentale au patient public, finalement médusé par son dernier thème, tout en rappelant au passage la passion jeune et immuable du maître de Bayreuth pour la Neuvième de Beethoven. « Cette IXe Symphonie, écrit-il dans Ma vie, était devenue le point d'attraction et l'élément mystique où convergeaient toutes mes pensées musicales et fantastiques ». Dans le même élan retenu, une certaine lenteur, sage et presque résignée semble d'abord émaner des Wesendonck Lieder (1857-1858) qui s’ensuivent.
Dans Der Engel, on relève pour qualités essentielles le bel ambitus de Catherine Hunold, mezzo-soprano invité, et la finesse de la supersoliste Elina Kuperman sur la lancée du dernier vers [lire notre chronique du 26 avril 2016]. Plus vif et captivant, avec plus de charme dans le chant, Stehe still! s'accompagne bien du lyrisme allemand par excellence. Puis de la lamentation, Im Treibhaus, à la détresse, Schmerzen, Catherine Hunold [lire nos chroniques du 20 septembre 2016, des 4 avril et 16 février 2014, enfin du 14 septembre 2009] trouve enfin les accents les plus justes, entre sauvagerie et douceur, pour exprimer l'infini des Traüme. « Quels rêves merveilleux » passent en effet ce soir comme par magie...
La sensation d'un bonheur fugitif transparaît également en seconde partie de soirée, à la lueur de l'Allegro de la Symphonie en ut majeur Op.61 n°2 de Robert Schumann (1846). Marqué par des percussions pleines de cœur et une vivacité beethovénienne, le courage du jeune homme tourmenté fait ensuite place à l'espièglerie brillante qui trahit, comme autant de rires égrenés par les violons, une composition si brillante, cachée par jeu sous les conventions en forme de compte-rendu. En revanche, l'Adagio est empreint de fatalité. Robert Tuohy mène l'orchestre à une tension déchirante jusqu'au regain dans la douleur, vers le puissant Finale, cordes grouillantes, tristesse galvanisée, aux confins de l'âme de Schumann. Parvenu à un vrai aboutissement, il paraît bon et entendu de conclure en se passant de bis.
FC