Chroniques

par bertrand bolognesi

Scharoun Ensemble Berlin
concerti de Bach, Dean, Haydn et Mendelssohn

Zermatt Festival / St.Mauritius-Pfarrkirche
- 12 septembre 2008
Cervin, Zermatt, photograpié par Bertrand Bolognesi neige nocturne
© bertrand bolognesi

Avec le lancement de sa programmation cinématographique et l'arrivée d'ateliers pédagogiques destinés aux enfants, le Zermatt Festival se développe un peu plus encore. Nous retrouvons la nef polychrome de l'église du village alpin pour un concert qui ouvre le second week-end de la quatrième édition de cette manifestation valaisanne.

Fidèlement, le Scharoun Ensemble (que nos articles vous présentèrent déjà ces deux précédentes années) assure une programmation où il se produit régulièrement en intégrant les jeunes musiciens de l'Académie. La soirée de concerti s'ouvre par le Concerto Brandebourgeois en sol majeur BWV 1048 (n°3) deJohann Sebastian Bach, donné en bonne intelligence avec le regard que purent y porter les interprétations baroques. De fait, la formation s'y réduira à neuf cordes et un clavecin, pour une exécution vigoureuse, légère, sans surcharge d'effets, toujours sainement articulée par une accentuation bondissante qui, paradoxalement, en affirme d'autant mieux le souci de structure.

Voilà que le chœur est envahi par un effectif copieusement peuplé ! Les solistes de l'Orchestre Philharmonique de Berlin qui constituent l'ensemble Scharoun ont associé quelques-uns de leurs élèves de l'été. Nous changeons radicalement d'esthétique, quittant Bach pour Joseph Haydn et son Concerto pour trompette en mi bémol majeur Hob.VII :1 dont l'Allegro rencontre une sonorité ronde, un rien épaisse, même. À la trompette, Gábor Tarkövi marie souplesse et précision. La cadence est discrète : brillante, elle n'outrepasse pas certaines proportions, demeurant circonscrite à son cadre classique. On regrettera toutefois une introduction orchestrale relativement peu vertébrée de l'Andante central. Le Rondo conclusif est plus heureux.

Avant un ultime concerto, nous entendons Etüdenfest écrit pour orchestre à cordes par l'Australien Brett Dean en 2000, juste après une collaboration de quatorze ans au sein de la prestigieuse formation berlinoise en tant qu'altiste. La pièce s'édifie sur une oscillation régulière où se superposent bientôt des incises stridentes. Le continuo s'amplifie progressivement, indépendamment de développements rythmiques plus complexes qui jonchent le discours principal. Une brève figure de transition, qui emprunte à Stele Op.33 de Kurtág (créé par Abbado à la tête des Berliner Philharmoniker en 1997) introduit un grandtutti final dans le vrombissement duquel, avouons-le, l'on ne rencontre que des choses rebattues.

Kolia Blacher livre, pour finir, une interprétation inspirée du Concerto pour violon en mi mineur Op.64 n°2 de Felix Mendelssohn où est bien venue la rondeur générale de l'orchestre. Dès l'Allegro molto appassionato, à l'étonnante clarté du soliste répond la confortable générosité des tutti, avec une complice et envoûtante musicalité. La romance centrale (Andante) est enchaînée dans une lecture d'une grande tenue, comme en témoigne encore l'Allegretto non troppo nuancé que sous-tend une belle urgence.

Nous retrouverons les artistes du Scharoun ensemble dans leurs programme chambristes, et découvrirons plus précisément les qualités des élèves de l'Académie, ces jours prochains.

BB