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Chroniques
semaine de l'ensemble S : i.c.
Cette semaine, c’est l’Ensemble S :i.c., c’est-à-dire Situation : interprètes et compositeurs, servant avec engagement la musique de chambre d’aujourd’hui depuis plus de quinze ans, qui propose au public du Châtelet trois Midis musicaux nourris de pièces brèves qui, on l’espère, donneront l’envie aux auditeurs, pour certains peu habitués à ce répertoire, d’approfondir leur appréhension de l’art de leur temps. Nous assistons aux deux derniers concerts, mettant au programme des œuvres de compositeurs à la fois si proches et si loin les uns des autres que Scriabine, Kurtág, Aperghis, Eötvös, Schönberg, Hervé, Sciarrino, Pesson ou Megyeri. Le soprano Donatienne Michel-Dansac, complice assidue et experte de nombreuses créations de ces dernières années, prête son concours à plusieurs de ces exécutions.
Avec un court extrait de Pierrot Lunaire, le poème Die Nacht, elle salue l’expressionnisme de Schönberg d’un dire austère et tranchant, dans le programme de vendredi, tout entier dédié à la nuit. Nous la retrouvons dans la fascinante Nuit en tête composée par Georges Aperghis en 2000, qui fut l’objet d’un fort beau CD consacré aux travaux récents du compositeur, paru chez Zig-Zag Territoires il y a quelques mois, après l’avoir appréciée mercredi dans Le Jardin étranger écrit cette année par la jeune Krisztina Megyeri (à peine trente ans) à partir du roman Aki nincs de l’écrivain hongrois András Forgách (né à Budapest en 1952, auteur de nombreux ouvrages, mieux en France en tant que scénariste), une œuvre donnée en première audition et commandée par le Théâtre du Châtelet.
Outre des pièces solistes permettant de saisir les qualités personnelles de chacun des membres de l’ensemble – Ai limiti della notte de Salvatore Sciarrino, Hommage à Bereni Ferenc de György Kurtág, ou encore Poème-nocturne d’Alexandre Scriabine), S :i.c. joue Rêve de vol, pour clarinette et alto, écrit par Jean-Luc Hervé (né en 1960, élève de Nunes et Grisey et collaborateur de l’ensemble L’Itinéraire) en 1996, Psy, pour flûte, violoncelle et cymbalum, de Péter Eötvös, et deux œuvres anciennes du toujours mystérieux et subtile Gérard Pesson : Rébus, fulgurant d’esprit, et Nocturnes en quatuor, sept aphorismes pour clarinette, violon, violoncelle et piano, datant de 1987, que l’on prend toujours plaisir à redécouvrir.
BB