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Chroniques
solistes de l’Ensemble Intercontemporain
le IIIe Reich et la musique
C'est devant une salle comble que commence ce concert placé sous le signe des cordes. Dans le cadre de son cycle Musique et IIIe Reich, la Cité de la musique propose une sélection de compositeurs et d'œuvres pas toujours connus du grand public. C'est précisément le cas ce dimanche. Avouons cependant être plutôt déçu par ce moment.
Le Quatuor à cordes Op.7 n°1 (1935) d’Hans Erich Apostel est une œuvre qui fait regretter à chaque instant le souffle lyrique et l'intensité de Berg. Son utilisation de l'atonalité conduit à une sorte de continuum indécis, sans réelle direction, comme sans énergie. Malgré quelques passages plus intéressants, cette pièce laisse un vague sentiment d'ennui. Gemini pour piano et violon de Roberto Gerhard fut écrite en 1966 ; sa place dans ce cycle paraît donc étrange. Son écriture et sa sonorité ramènent aux pires moments du sérialisme généralisé des années soixante, tendance Leibowitz, avec notes dans tous les sens, habituels tricotages chromatiques, fortissimi suraigus et traits rapides exécutés mécaniquement. Renaît quelque espoir avec le Trio à cordes Op.20 (1927) d’Anton Webern. Malheureusement, cette œuvre demande une sensibilité qui n'est guère au rendez-vous. Attaques imprécises, arrêts flous, rivés à la partition les musiciens ne parviennent pas à la transcender.
C'est le Quatuor Op.19 n°3 (1924) d’Alexander von Zemlinsky qui sauve la soirée. Visiblement, les musiciens sont plus à l'aise dans cette œuvre qui emprunte au XIXe siècle un doux lyrisme légèrement décadent. On sent le métier : la conduite des voix est habile, l'harmonie est ouverte et il y a, comme chez Scriabine, des pôles d'attraction, des accords pivots. Malgré tout, cette pièce manque de l'éclair de génie qui fait toute la différence.
Clairement, ce concert illustre le fait qu'il n'y a pas de mystères quant à la reconnaissance d'un artiste. Les œuvres des petits maîtres, quelques soit leur intérêt musicologique, restent très en-deçà des chefs-d’œuvre connus et reconnus. En ce qui concerne l'interprétation, quatre solistes, même de fort bon niveau, ne font pas un quatuor. Peu de complicité, absence de regards, d'automatismes, etc. Le tout s’avère à la fois trop technique et pas assez précis. Encore faut-il résoudre certains problèmes de respiration, un volume sonore vraiment disproportionné pour faire vraiment de la musique de chambre.
LD