Chroniques

par gérard corneloup

Supéfiante ! Marie Dubas de haut en bas
Edwige Bourdy et Christophe Maynard

Théâtre Copeau, Saint-Étienne
- 27 mars 2012
Edwige Bourdy en marie Dubas, à Saint-Étienne
© vincent vittoz

« Il était mince, il était beau,
Il sentait bon le sable chaud,
Mon légionnaire ! »

Les vers du parolier Raymond Asso, comme la musique écrite par la pianiste et compositrice Marguerite Monnier, par ailleurs auteure de la comédie musicale Irma la douce, nous font entrer, ou plutôt rentrer dans le monde musical terriblement humain de Piaf mais aussi de sa devancière de quelques années, Marie Dubas. Tout un monde. Un monde varié et bigarré ; de la fantaisie au drame, de l’humour à l’émotion, du mime à la danse aussi.

Chanteuse qu’il est convenu de qualifier de « lyrique », ayant fait ses armes, entre-autres, à l’École d’art lyrique de l’Opéra national de Paris, ayant chanté aussi bien Adolphe Adam et son rare Toréador que Manuel Rosenthal et sa Poule noire, Edwige Bourdy à décidé d’illustrer ce patrimoine pas vraiment comme les autres. Un pari risqué, s’il est vrai que ce genre peut sembler un rien éculé, oublié, daté. Un pari réussi haut la main, en compagnie du metteur en scène Vincent Vittoz. Mieux qu’un metteur en scène : un complice. En fait, plutôt un trio, car il faut y ajouter le pianiste Christophe Maynard (sans compter le « coup de pied chorégraphique » d’Anne-Marie Gros).

Dans le cadre de la saison de son Opéra-Théâtre, les Stéphanois ont eu droit à l’ouverture de cette pétulante Boite de Pandore dans laquelle mitonne, mijote, explose et embaume le chant, la danse, la musique, mais aussi le théâtre et la plastique. Plus qu’une reconstitution, forcément incomplète et insatisfaisante de l’art et de la vitalité de Marie Dubas, c’est sa propre personnalité qu’Edwige Bourdy montre, anime et fait vivre avec ô combien de séduction. Gardant toujours sa place, sans s’effacer ni s’imposer.

L’esprit d’origine est là, comme ne peuvent que le rappeler certains vieux disques, ici habillé par une plastique nouvelle et servi par une voix d’une fertilité rare. Et, pour faire bonne mesure, costumes et accessoires sont aussi bien choisis que bien utilisés (Michel Ronvaux). Stupéfiante Edwige Bourdy !

GC