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Chroniques
Tancredi | Tancrède
opéra de Gioacchino Rossini
Tiré d'une tragédie française de Voltaire, mais agrémentée d'un happy end obligé, appartenant à la première partie de l'abondante production rossinienne, Tancredi n'est pas des plus jouées parmi les œuvres du compositeur. Si elle réserve de beaux oasis vocaux, tel l'air Di tanti palpiti, ainsi que des ensembles concertants bien menés, surtout dans le premier acte, l'écoute s'épuise tout de même un peu dans le second au (trop ?) lent développement. La coproduction avec les Opéras de Madrid, de Séville et de Barcelone, ensuite donnée sur la scène fameuse et dans l'acoustique parfaite du Teatro Regio de Turin, a démontré la chose, malgré d'indéniables qualités, à commencer par celles de l'orchestre, du continuo, des chœurs maison et par la direction attentive, soignée, peut-être un peu sage mais jouant bien avec les plans sonores, du chef Kristjan Järvi.
La distribution est dominée par la superbe Amenaide de Patrizia Ciofi, aussi bonne comédienne qu'excellente chanteuse, à l'émission rayonnante, à l'aigu cristallin, à l'art de la demi-teinte parfaitement maîtrisé. À ses côtés, le Tancredi du jeune mezzo Daniela Barcellona, à la voix bien timbrée, experte dans l'art du trille bien conduit, ne lui est en rien inférieur. Cela rend encore plus insatisfaisant le style vulgaire, les accents véristes, le chant tendu et les aigus en toile émeri assénés par le ténor Antonino Siragusa (Argirio), lequel confond Rossini et Mascagni. L'Orbazzano de Simone del Savio, l'excellente Isaura d'Annunziata Vestri et le Roggiero de Paola Gardina complètent avec bonheur la distribution.
Tant par les décors banals et les costumes idoines d'Emmanuelle Bastet que par la mise en scène de Yannis Kokkos, tout occupé à jouer avec ses chevaux de bois sur roulettes, le dispositif scénique n'ajoute pas un atout supplémentaire à cette production.
GC