Chroniques

par bertrand bolognesi

un festival d'une riche diversité

Journées de la harpe, Arles
- du 23 au 26 octobre 2004

Les Journées de la harpe permettent d'explorer toutes les harpes, pas seulement la grande harpe classique de concert, mais aussi les celtiques, jazz, vénézuéliennes ou électriques, la kora africaine, etc. Cette riche diversité s'illustre durant quatre jours de festival. Ainsi avons-nous le plaisir d'entendre Triskell, en l'Église Saint-Julien. Après avoir tâté de la guitare et du banjo, Pol et Hervé Quefféléant, deux jumeaux bretons, se sont joyeusement « enharpisés », partant de la musique traditionnelle bretonne (au sens large : Armorique, Irlande, Cornouailles, etc.) jusqu'à présenter leurs propres compositions. Cet après-midi (samedi, 18h), gratuites les places sont pourtant chères : le sanctuaire est plein, et ce n’est guère pour y prier la madone que la bonne soixantaine de tardifs qui attend devant le portail que quelques-uns sortent espère recycler la fréquentation des lieux.

Sont représentées toutes les générations, à partager ces instants magiques. Pionniers, il y a un peu plus de trente ans, de la redécouverte et de l'investigation d'un patrimoine tout autant précieux que fécond (à une époque où ses interprètes se comptaient sur les doigts d'une main), les frères Quefféléant, accompagnés par Patrick Audouin à la guitare et au clavier, et par la déroutante autorité cornemusée de Mikaël Cozien, impressionnant sonneur, invitent au voyage à travers ballades et épopées, faisant se rejoindre en une savoureuse confluence Gulf Streamatlantique et vents provençaux dont on sait le luxuriant catalogue.

Sous la rassurante charpente de la Chapelle Saint-Martin du Méjan (dimanche, 18h), le soprano Françoise Masset et la harpiste Christine Icart servent magnifiquement le répertoire russe – Cui, Glinka, Tchaïkovski, Rimski-Korsakov –, offrant aussi quelques romances naïvement poétiques de Saint-Saëns et Gounod, des mélodies de Fauré, sans oublier les chansons tendrement souriantes de Kosma. Ces interprétations bénéficient d'une diction exemplaire, d'un phrasé toujours bien mené et d'une sensibilité pleine d'esprit. On admire la richesse du jeu de la harpiste qui entretient une fine coloration tout au long du récital.

Enfin, notre dernier jour à Arles propose de nombreuses possibilités toutes aussi prometteuses, comme l'alléchant programme espagnol de Marielle Nordmann, en l’Église Saint-Trophime (lundi, midi) ou encore la création d'une nouvelle œuvre de Philippe Hersant lors du concert d'Isabelle Moretti (harpe) et Henri Demarquette (violoncelle), au Méjan (18h). Aussi entendons-nous avec intérêt le récital de Nikolaz Cadoret en la Chapelle de la Charité, à l'heure du goûter. Après avoir étudié pendant une dizaine d'années la harpe celtique, puis décidé de jouer la harpe classique, il y a trois ans, ce jeune homme s'avère extrêmement prometteur, tant par l'égalité de l'articulation que par la musicalité et la coloration de ses interprétations. Enfin, le Théâtre municipal accueille en soirée l'Américaine Deborah Henson-Conant, sa voix et ses harpes électriques, pour un concert de belle humeur.

BB