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Chroniques
vingt bougies pour l’ensemble TM+
œuvres de Campo, Hurel, Mantovani et Markeas
À quelques semaines près, ce concert marque le vingtième anniversaire de l'Ensemble TM+ qui, sous la direction de Laurent Cuniot, s'est imposé comme l'un des premiers à défendre les répertoires contemporain dans notre pays. Quittant sa résidence de Nanterre, ses membres investissent un autre théâtre d'Ile de France, pour un programme d'œuvres du XXIe siècle.
Pop-art (2002), pour flûte, clarinette, violon, alto, violoncelle et clavier de piano tapoté à l'aide de deux bouts de bois, ouvre la soirée. Avec cette commande de TM+, Régis Campo (né en 1968) « tente d'installer une pulsation implacable que différents éléments viennent tour à tour contrarier et dérégler, au risque parfois de la mettre en péril […] ». L'œuvre semble un collage de phrases volontiers jazzy, de sons imitatifs (pin-pon des flûtes, tic-tac des cordes) et de réminiscences du Reich le plus espiègle mêlées au générique de Ma sorcière bien aimée (Bewitched, 1964-72). Bref, une entrée en matière pétillante, suivie par Loops II (2001-2002) de Philippe Hurel, conçu pour vibraphone. Si elle se veut « une pièce très ludique caractérisée par l'énergie rythmique », on en retient surtout l'ennui où sa boucle perpétuelle enferme l’écoute.
Avec D'un Rêve parti (2002), le public retrouve l'instrumentarium de départ, pour « un discours musical hétéroclite et discontinu » où Bruno Mantovani (né en 1974) s'est inspiré de la techno (pulsation régulière, imitation de boîtes à rythmes, etc.). Cette référence n'y est cependant pas unique, puisque qu'on y vient seulement après diverses étapes, comme ce passage sombre marqué par les vibrations d'une clarinette basse et un ostinato pianistique de main gauche, ou un autre plus fébrile qui amène la déconstruction du matériau.
Athénien de naissance, Alexandros Markeas (né en 1965) cherche à enrichir son travail au contact de différents domaines d'expression. Pour Trois clins d'œil rythmés, c'est l'observation de certaines danses traditionnelles grecques qui l'invite à suivre ce modèle : « un danseur déclenche des gestes forts qui se déclinent, prolifèrent et se rejoignent pour retrouver le mouvement initial repris par l'ensemble du groupe » ; d'où la création de textures polyrythmiques en constante transformation, obtenue grâce à la clarinette de Francis Touchard qui échange avec huit haut-parleurs.
De même, jusque dans les soli du percussionniste Florent Jodelet qui dialogue avec son double sur vidéo, Zapping (2004) favorise la dualité. Le compositeur y convoque deux groupes : d'un côté un vibraphone tonique et des cordes déliquescentes, de l'autre un marimba et des vents, dont les interventions alternent, illustrant avant de fusionner les saccades annoncées par le titre.
LB