Chroniques

par marc develey

Water Music de Händel par Marc Minkowski
Les Musiciens du Louvre

Salle Gaveau, Paris
- 16 décembre 2009
Marc Minkowski photographié par Marco Borggreve
© marco borggreve

Deux suites orchestrales tirées d’opéras de jeunesse installent dans un climat à la fois brillant et attendu cette soirée dédiée à Georg Friedrich Händel. Les Musiciens du Louvre campent une charmante série de danses où les concertinos essentiellement formés des hautbois et basson trament un contrepoint d’élégance tant à l’emphase virile des ouvertures à la française qu’à la rhétorique robustement répétitive des cellules mélodiques portées par les cordes. La Sarabande de la Suite orchestrale d’Almira HWV 1 offre un duo raffiné entre théorbe et flûte à bec, tandis que les quatuors de cette grande ouverture qu’est la Suite de Rodrigo HWV 5 ourlent l’interprétation d’une atmosphère plus aristocratiquement feutrée.

Le traitement plus différencié de l’instrumentarium de Water Music requiert une attention soutenue. Malgré un son parfois un peu serré, le hautbois de la Suite en fa majeur n°1 HWV 348 délivre quelques belles pages, notamment dans les plaintes de l’Adagio e Staccato ou le second numéro de la Bourrée. Soutenues d’un engagement orchestral fondu en un seul plan sonore, les fanfares de cors se hissent volontiers jusqu’à une joie printanière, çà et là un tantinet pataude. Quelques accentuations plus criardes, en particulier dans les demi-cadences appuyées et les tutti (Hornpipe), se voient réitérées aux numéros suivants – on songe au double de la Gigue de la Suite en sol majeur n°3 HWV 350. Le recorder, trop largement dominés par l’orchestre dans ce dernier opus, assoit cependant un plus convaincant Menuet.

Dernière de cette soirée, la Suite en ré majeur n°2 HWV 349 montre plus de noblesse, tout particulièrement dans les siciliennes un peu lourdes du Lentement. Le son propre à la formation, à la fois crémeux et mat, travaillé en creux de note, livre un contraste reposant d’avec le côté martial de la Bourrée finale. Sous la baguette de Marc Minkowski, les joyeux tutti de l’Allegro initial, les répons affirmés aux cors et trompettes et le style italianisant de l’interprétation sont assurément ce que le concert a de plus convaincant.

MD