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Chroniques
Alain Hanel
Opéra du Rhin – Un seul regard sur une saison
Après trente ans d'un parcours marqué d'escales dans les mondes de la mode, de la publicité, de l'automobile et du disque, Alain Hanel retrouvait à Nice son premier amour, la photo, il y a huit ans. D'inspirations en rencontres, il est amené à se concentrer sur le spectacle, ceux du Ballet de l'Opéra de Nice, tout d'abord, et bientôt il photographiera les Ballets de Monte Carlo, celui de Rua, au Brésil, redécouvrant cette émotion qui le parcourait autrefois, lorsqu'il partageait sa passion avec Hervé Nabon ou Jean-Jacques Bugat, à la fin des années soixante.
Dans la lignée de plusieurs expositions consacrées à la scène et à la piste, qu'elle soit opéra, danse ou cirque, Alain Hanel persiste et signe, par Un seul regard sur une saison où il livre quelques uns des moments privilégiés par son œil. Dans ce livre édité par l'Opéra national du Rhin, on retrouvera les spectacles vus à Strasbourg pendant la saison 2006/2007.
Rien à voir, cependant, avec un reportage qui témoignerait objectivement d'une activité. C'est, au contraire, un chemin strictement subjectif qui fait ce livre. Une danseuse violette semble jeter la scène derrière elle plutôt que de la parcourir. Les gros plans sur des visages où se mêlent l'artifice des fards et la vérité sudoripare interrogent notre infantile envie de croire à ce que le théâtre nous raconte. Comme ce sang généreusement versé qui macule des linges (Lucia di Lammermoor), peinture soudain plus vitale que la banale nourriture parcourant nos veines que, miraculeusement, elle abstrait dans l'huis clos indécemment regardé par tous. Comme le flou où les mouvements s'interpénètrent, refusant souverainement d'aider nos souvenirs (L'autre côté), ou le regard abreuvant la note à venir d'une Sylvie Brunet indiciblement inspirée (Les Troyens). Et, bien sûr, les bouches fixées dans la morsure d'un mot, où le déclic du photographe épousa la détente du phonème.
BB