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Chroniques
Alessandro Scarlatti
La Giuditta | Judith
Quelques incertitudes entourent La Giuditta, oratorio à cinq voix qui a sans doute été créée à Rome en 1693, alors qu'Alessandro Scarlatti (né en 1660, mort en 1725 et père de Domenico) était maître de la Chapelle du Vice-roi de Naples. Le texte, déjà mis en musique par Carlo Francesco Cesarini, est probablement le fruit du cardinal Benedetto Pamphili – homme dont la fonction nécessitait l'anonymat artistique. Deux manuscrits nous sont parvenus (celui conservé à Naples fait autorité), de même que la trace des exécutions recensées qui attestent du succès de l'œuvre. Quelques années plus tard, une seconde version dite « de Cambridge », pour trois voix, verra le jour.
Musicalement, La Giuditta s'inscrit dans le genre de l'oratorio en langue vulgaire, genre cher à la Contre-Réforme, et à l'opposé de ce que Carissimi, Mazzocchi ou encore Marazzoli ont produit au milieu du XVIIe siècle – soit des ouvrages en latin, destinés à des confréries, des réunions dévotionnelles, etc. Cependant, la spiritualité reste au cœur du sujet puisque, outre la présence de personnages bibliques, un sermon s'intercalait traditionnellement entre ses deux parties. L'orchestre est celui du concerto grosso.
Symbole de résistance, Céline Ricci incarne la fatale tentatrice du tyran barbare, dominant la distribution avec de nombreuses qualités : souplesse, ampleur, nuance, couleur, expressivité. Pour efficace qu'elle soit, Adriana Fernandez, le second soprano, souffre immanquablement de la comparaison – surtout concernant le legato. L'alto Martin Oro (Oloferne) jouit d'une fluidité qui ne manque pas de corps. Bruno Rostand (Sacerdote Ebro) est une basse honnête. Seul Vincenzo Di Donato déçoit par un chant engorgé et pas toujours juste. Enfin, Martin Gester dirige Le Parlement de Musique avec une clarté et une légèreté qui n'excluent pas la profondeur.
LB