Chroniques

par laurent bergnach

André Boucourechliev
À l'écoute

Fayard (2006) 286 pages
ISBN 2-213-629446-3
André Boucourechliev | À l'écoute

Connu comme compositeur, André Boucourechliev – né à Sofia le 28 juillet 1925, décédé à Paris le 13 novembre 1997 – a également laissé plusieurs monographies sur ses maîtres (Beethoven, Schumann, Stravinsky, etc.) et d'autres ouvrages plus généralistes sur le langage musical.

À l'écoute fait partie de ceux-là, dans lequel se mêlent visions et interrogations sur la création en cours ou à venir. En effet, sans se considérer comme musicologue, le jeune pianiste virtuose venu de Bulgarie à la fin des années quarante a écrit plus d'une centaine d'articles, de comptes rendus, de critiques de disques et de concerts afin de promouvoir la musique de sa génération. En 1969, dans un entretien avec Edith Walter, le créateur s'explique sur son activité de critique qui l'a beaucoup enrichi :

« Je le suis devenu à une époque où la musique actuelle était très attaquée et fort peu connue ; j'ai eu la possibilité d'écrire pour la défendre passionnément. Je n'ai jamais été un critique qui se pose en juge suprême et objectif, mais un musicien engagé dans la musique de son temps. [...] Le critique aujourd'hui peut faire connaître et éclairer les œuvres ; entre elles et le public, il doit être un médiateur. »

La cinquantaine de chroniques réunies ici retrace le foisonnement de la création dans l'immédiat après-guerre, grâce à des lieux comme Darmstadt, Donaueschingen, Venise ou Royan. Publiant souvent dans des revues non spécialisées, Boucourechliev se veut pédagogue, expliquant avec simplicité le sérialisme, la musique électronique, les formes ouvertes, etc.

Croisant d’abord interprètes légendaires et jeunes compositeurs prometteurs (ou pas…), le lecteur féru s'intéressera plus encore à la suite de l'ouvrage, lequel présente les œuvres souvent phares de Karlheinz Stockhausen (Gesang der Jünglinge, Sternklang, Gruppen), Luciano Berio (Allez-hop !, Esposizione, Circles), Luigi Nono (Intolleranza 1960, La Fabbrica illuminata) et bien sûr Pierre Boulez – dont l'apparition du nom toutes les trois pages prouve assez l'importance que Boucourechliev lui accorde dans l'histoire de la musique du XXe siècle.

LB