Chroniques

par samuel moreau

André Campra
cantates françaises

1 CD Arion (2006)
ARN 63658
André Campra | cantates françaises

Vers le milieu du XVIIe siècle, Louis XIV encore enfant, Mazarin fait son possible pour imposer l'art italien aux Français – dont il avait pris la nationalité en 1639 –, invitant compositeurs, chanteurs et même machinistes à traverser les Alpes. Mais la majorité de la Cour, le Clergé en premier lieu, voit d'un mauvais œil ces représentations coûteuses où passions et plaisirs amoureux sont applaudis. Il faut attendre Lully pour les réconcilier avec l'opéra, notamment en favorisant une ornementation plus sobre, mettant en valeur la compréhension du texte. À la fin du siècle, exprimant les sentiments de manière moins dispendieuse, apparaît la cantate, nouvelle forme de musique vocale profane à l'usage des salons et des salles de concerts.

Piémontais d'origine, natif d'Aix-en-Provence, André Campra (1660-1744) s'attache sans peine au courant italianisant, consacrant à la voix plus d'une œuvre destinée à émouvoir : des tragédie lyriques – Hésione (1700), Tancrède (1702), Alcine (1705), etc. –, cinq livres de Motets, deux livres de Psaumes à grands chœurs, des Airs sérieux et à boire à une et deux voix, et trois livres de Cantates (1708, 1714, 1728), avec ou sans symphonie. Dans le Premier, il prévient son lecteur : « j'ay taché autant que j'ay pu de mêler avec la délicatesse française, la vivacité italienne […] ; je me suis attaché sur tout à conserver la beauté du chant, l'expression et notre manière de réciter ».

Déjà paru chez Arion en 1986, c'est avec plaisir et réserve que nous accueillons cette réédition. En effet, le programme généreux – tiré des premier (Hébé, Didon, Daphné, Arion) et second volumes (Achille oisif) – jouit d'une interprétation plaisante et discrètement expressive du soprano et des quatre instrumentistes : Daniel Cuiller (violon), Philippe Allain-Dupré (flûte), Jay Bernfeld (viole) et Michel Chapuis (clavecin). Cependant, Jacqueline Nicolas, par ailleurs vaillante, peine dans les passages aigus, miaulant certaines notes. De même, la diction sur le récitatif et l'ariette est généralement plus fiable que sur l'air lui-même. Malgré ces quelques remarques, on conservera un attachement à cette version.

SM