Chroniques

par laurent bergnach

Andreas Scholl, contre-ténor
un portrait d’Andreas Scholl

1 DVD Arthaus Musik (2008)
101 445
un portrait du contre-ténor Andreas Scholl

Si le public français se familiarise avec sa voix depuis des années maintenant, la vie d'Andreas Scholl est, en revanche, moins connue. Le présent documentaire apporte quelques informations sur le sujet. Né en 1967 près de Mayence, c'est très jeune que le contre-ténor découvre le chant : « J'avais sept ans lorsque je suis entré dans la chorale de garçons de Kiedrich, une formation fondée il y a plus de six siècle et demi ». Consacrée à la tradition du chant grégorien, cette chorale est l'une des deux plus anciennes d'Allemagne. Il y reçoit une formation vocale des plus solides.

« Ma voix a mué entre treize et quatorze ans. Pendant six mois, j'ai eu un peu de mal à la contrôler, mais en travaillant tous les jours ma voix de tête, elle a fini par se stabiliser. » À l'âge de dix-sept ans, sensibilisé à cette tessiture particulière grâce, notamment, aux enregistrements de Paul Esswood et James Bowman, il s'interroge sur son avenir. « Je suis allé à Stuttgart voir Herbert Klein, un ténor qui était également contre-ténor. Il m'a conseillé d'aller à Bâle en me disant que c'était le meilleur endroit, si je voulais vraiment devenir professionnel. »

Aujourd'hui, lui qui enseigne à son tour se souvient de son perfectionnement : « J'ai alors commencé par étudier auprès de Richard Lewitt, qui est d'ailleurs toujours mon professeur. C'est lui qui a développé ma voix et m'a appris la technique. À partir de la deuxième année, j'ai également travaillé avec René Jacobs. » Scholl rappelle combien il fut chanceux de connaître si jeune la confrontation avec le public, afin de mieux gérer l'équilibre entre détente et vigilance – « c'est une astuce : ne pas trop exiger de soi en concert ».

Ce n'est pas à l'opéra, où Andreas Scholl fait ses débuts en 1998, que nous entraînent Uli Aumüller et Hanne Kaisik, mais dans différents salons et églises propres à défendre des pièces intimistes de Buxtehude, Dowland, Händel, Johnson et Martin – certaines reprisent dans le bonus, alternant avec des échanges divers avec le luthiste Karl-Ernst Schröder et la gambiste Friederike Heumann (acoustique des salles, promotion des programmes, divertissement et élévation, etc.).

Au final, le plus intéressant semble la cerise, car le gâteau lui-même, n'excédant pas trois-quarts d'heures, se perd souvent dans l'anecdotique. Qui sera intéressé par les incursions du chanteur dans la pop music quand la pureté de sa voix se suffit de la compagnie d'un luth ?

LB