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Le concert bruxellois précédant cet enregistrement nous avait laissé un excellent souvenir. En dépit de certains défauts, on ne pouvait que louer les affinités entrePhilippe Herreweghe et cette symphonie d'Anton Bruckner. Pourtant, ce disque nous fait descendre de quelques marches et montre qu'un très bon concert ne donne pas forcément un grand enregistrement.

Incontestablement, le chef Flamand a longuement travaillé son sujet et judicieusement mûri son Bruckner, autant avec son Orchestre des Champs-Élysées qu'avec un orchestre moderne comme la Philharmonie royale des Flandres. Le choix des tempi, plutôt allants, est juste et, à l'exception d'un second mouvement trop peu caractérisé, le musicien réussit à habiter les thèmes. Les deux gros écueils de cet album s'avèrent être la mauvaise gestion des transitions, et surtout l'absence de vécu brucknérien de l'Orchestre des Champs-Élysées. Curieusement, Herreweghe n'arrive pas à organiser la progression sur la durée d'un mouvement. Si le premier est assez bien venu, avec un intéressant fondu des phrasés, l'ensemble se délite jusqu'au dernier épisode qui ne s'affirme que comme une succession de paysages.

L'Orchestre des Champs-Élysées est une valeureuse formation, mais il ne possède nullement la culture brucknérienne. En effet, l'œuvre du maître de Saint Florian nécessite un savoir faire et une écoute mutuelle qui se traduisent par une articulation des phrasés et une gestion des dynamiques. L'ensemble sur instruments d'époque ne peut ainsi rivaliser avec les orchestres qui possèdent intrinsèquement cette culture. Ce défaut ressort d'autant plus que le chef campe un Bruckner plutôt massif et charpenté dans une certaine conception germanique. S'il avait suivi une autre voie, comme celle d'un Bruckner allégé et vif, l'ensemble franco-belge aurait pu s'affirmer autrement.

Enregistré à l'auditorium de Dijon, ce disque bénéficie d'une belle prise de son et d'un beau livret de présentation.

PJT