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La Symphonie en la majeur n°6 de Bruckner est particulièrement heureuse, ces derniers temps. Après le disque magistral de Kent Nagano chez Harmonia Mundi, puis celui très intéressant de Michael Gielen pour le label Hännsler Classics [lire notre critique du CD], le flot des nouveautés nous amène une nouvelle version de l'œuvre sous la baguette de Bernard Haitink à la tête de la Staatskapelle de Dresde.

En 2001, suite au décès inopiné de Giuseppe Sinopoli, Bernard Haitink accepta le poste de directeur de l'orchestre saxon qu'il occupa de 2002 à 2004. Du règne du grand musicien, il n'existait jusqu'à présent qu'un seul témoignage discographique : une Symphonie n°1 de Brahms publiée par le label Querstand. Dans le cadre de sa plantureuse édition consacrée à l'orchestre (dont c'est ici le volume n°14), la firme Hännsler nous offre le reflet d'un concert de 2003 enregistré au Semperoper, la salle de cette institution.

Il faut, en premier lieu, saluer la performance de la phalange. Bien qu'elle évolue dans son arbre généalogique, la formation se pare de ses plus belles couleurs, alors que les musiciens respirent cette musique avec naturel et poésie. Tandis que, ces derniers temps, il ralentissait plutôt les tempi à l'image de son dernier enregistrement de la Symphonie n°8 de Bruckner (RCO Live), Haitink livre un Bruckner vivace et assez rapide.

Abandonnant tout esprit métaphysique, le musicien impose une vision puissamment charpentée mais très chantante. Les différents mouvements sont menés avec la maîtrise du sage qui connaît les moindres recoins de la partition. Les transitions entre les thèmes sont ainsi gérées avec naturel et évidence. Convenablement servie par une prise de son radiophonique, cette version s'impose aux sommets de la discographie.

PJT