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Chroniques
Antonio Vivaldi
airs d’opéra du fonds Foà 28
On ne pourra que se féliciter qu'Opus 111 fasse aujourd'hui appel à Federico Maria Sardelli et son Modo Antiquo pour la vaste exploration que représente son Édition Vivaldi ; ainsi rassemble-t-elle quasiment tout ce que le bottin vivaldien compte aujourd'hui de mieux ! Nous invitant à pénétrer les mystères du Fonds Foà 28 à travers seize des quarante-sept arie qui le constituent, quatre voix alternent ou se marient dans une succession ingénieusement imaginée par les maîtres d'œuvre de cet enregistrement.
La sensibilité, l'élégance et la tonique expressivité des lectures du chef italien cisèlent ici un écrin précieux aux prestations vocales. Dans Mi fé reo l'amor d'un figlio, le ténor Paul Agnew n'en paraîtra cependant pas à son avantage, arborant un grain plutôt terni, un médium parfois un rien trop bas et une imprécision de la vocalise. Il semble que la prise de son ait été effectuée dans un jour de petite forme, cet artiste nous ayant habitué à une fiabilité moins précaire. Ainsi s'étonnera-t-on de son peu de présence dans Quando serve alla ragione, de l'usage qu'il fait d'une couleur peu flatteuse dans Chi s'oppone a miei voleri, ou encore des aigus que, dans Sei tiranna se un ben fedel, il abandonne à un sort incertain, autant de disgrâces qui témoignent infidèlement de son talent.
À l'inverse, si son Moi cor s'io ti credessi – par ailleurs exquisément conduit pour ce qui est du rendu instrumental – accuse un maniérisme quelque peu fébrile, Sandrine Piau se montre en général sous un jour plus heureux. Ainsi admirera-t-on la délicieuse gracilité de son articulation dans Quell'augellin che canta où l'aisance de l'aigu étonne, l'exactitude médusante des motifs vocalisés de l'Usignolo che piangete, la subtile justesse d'expression adoptée pour Zeffiretti che sussurrate et bien sûr le lyrisme plus affirmé qui s'épanouit dans l'air d'ouverture du disque, Certo timor ch'ho in petto.
Les interventions de Guillemette Laurens sont parfaitement honorables, pour discrètes qu'elles soient. Enfin, la chaleur de timbre et le charisme du chant d’Ann Hallenberg font nos délices ! Immanquablement, l'auditeur se trouvera tant touché par l'évidence du ton que ravi par la moelleuse souplesse de cette voix, dès È barbaro quel cor. Plus surprenant demeure l'impact vocal des vocalises du bref L'innocenza sfortunata, le mezzo suédois offrant à Se fido rivedrò une remarquable égalité de la pâte vocale qu'elle soumet au propos dramatique. Saluons également le bel échange réalisé avec la flûte – tenue par Sardelli lui-même – dans l'Io son frà l'onde qui vient refermer ce nouveau volume.
BB