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Chroniques
Antonio Vivaldi
airs pour basse
Après Bach, c'est dans la musique de Vivaldi que nous retrouvons l'excellent Rinaldo Alessandrini et son Concerto Italiano, pour un programme consacré à des airs pour voix de basse, ouvert par la Sinfonia et un extrait de l'Acte II d'Armida al campo d'Egitto, ouvrage créé lors des festivité du Carnaval vénitien de 1718.
À l'élégance de l'articulation instrumentale qu'une pudique retenue rend savoureuse, l'air Chi alla colpa fà tragitto mêle le phrasé savamment mené de Lorenzo Regazzo, discrètement expressif. Suivent quelques extraits de Tito Manlio, Semiramide, L'Olimpiade, L'Adelaide, La Silvia et bien sûr d'Orlando furioso [lire notre critique du CD] et du Farnace, autant d'œuvres faisant la part belle à un registre vocal alors peu prisé. On admirera la tonicité des cordes dans l'introduction de Se il cor guerriero où le chanteur s'avère vaillant, parfois au détriment de la souplesse. On appréciera d'autant plus la paradoxale et aérienne agilité dont il fait preuve dans Nel profondo cieco mondo.
Enfin, la scène de la folie d'Orlando – Ah sleale… et Io ti getto elmo – revêt ici toute sa dimension dramatique sans que l'orchestre roule des yeux. De fait, il semble bien que Regazzo favorise, sur l'ensemble de ce disque, l'expressivité au trop beau chant, un choix qui nous vaut plusieurs passages excitants. On regrettera cependant un Gelido in ogni vena (Farnace) relativement appuyé et, du coup, peu recueilli, qui ne dispense guère l'émotion souhaitée.
Ce récital rebondit sur quelques plages purement instrumentales où l'on remarquera un Andante de l'Ouverture du Farnace qui affirme une grâce toute théâtrale, à peine contrastée. Bravo également pour la langueur inquiétante du Largo du Concerto en si majeur RV 162.
AB