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Chroniques
Antonio Vivaldi
concerti per flauto – concerti da Camera
Voilà une riche idée que de rééditer le bel enregistrement de 1987 des concertos pour flûte du génial Vénitien. Outre les très célèbres n°2 en sol mineur ou n°3 en ré majeur, le premier de ces deux disques fait entendre des pages moins connues. On saluera l'interprétation diablement virtuose du flûtiste belge Frédéric de Roos qui dirige l'ensemble La Pastorella dans une lecture fort dynamique, parfois même nerveuse. Le ton général pourra se définir comme délicieusement futile, y compris dans les mouvements plus sombres : la sorte de mélancolie qui semble les habiter est avant tout oisive et invite l'auditeur à une certaine ironie. Tout ici est d'une légèreté exemplaire, à commencer par un tactus d'une régularité inexorable, ne s'encombrant d'aucun rubato sentimental. Bref, pas deblabla : il serait donc malvenu de notre part d'en faire.
Le second disque, quant à lui, est ni plus ni moins qu'un petit bijou. Il propose quelques Concerti da camera, c'est-à-dire des œuvres respectant bel et bien le modèle concertant en trois mouvements de Vivaldi, mais destinées à des formations réduites au plus simple : deux ou trois solistes accompagnés d'une basse continue, comme dans les sonates antérieures (qui elles se développaient sur cinq mouvements ou plus).
Le Concerto RV99 en fa majeur brille d'un éclat festif, judicieusement souligné par le brio des attaques du basson d'Alain De Rijckere. On retrouve l'étourdissante volubilité de l'Opus 10 dans la partie de flûte du Concerto RV106 en sol mineur, souvent donné en concert, et dont on appréciera ici le méditatif Largo, posé pudiquement, mine de rien. Plus bucolique, le Concerto RV217 en ré majeur offre de belles phrases contrepointées sur une danse donnée avec une grande élégance. Le programme alterne tonalités majeures et mineures, diversifiant les climats pour faire un vrai plaisir d'une écoute continue.
L'option générale de ces enregistrements est indéniablement baroque, j'entends qu'elle n'extrapole pas la sonorité vers la musique à venir, et même qu'elle aurait tendance à retenir Vivaldi dans une époque peut-être déjà un peu ancienne pour lui. Ce n'est pas une aberration, et permet d'évaluer une sorte d'état des lieux de la musique d'alors, et de ce que le compositeur put y changer.
AB