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Voici un programme vénitien qui alterne des concertos pour flûte et des concertos pour violoncelle, dans leurs premières moutures, pour certains, c'est-à-dire en formation da camera plutôt qu'en partie soliste accompagnée par un orchestre à cordes. Ce sont les talentueuses musiciennes du Trio Amarillis qui offre un intéressant et sensible moment de musique.

Contrairement à la version assez pressée de l'Opus 10 d’Antonio Vivaldi par La Pastorella rééditée chez Assai tout récemment – Concerti per flauto [lire notre critique du CD] –, celle proposée ici est plutôt souple, favorisant une expressivité qui se garde bien d'enfermer ses forces dans le carcan d'une battue trop machinale. Si une appréciable légèreté domine la version de Roos, les interprètes de ce disque ne cherchent pas à éviter une gravité intrinsèque aux œuvres, sans pour autant la surjouer, comme put le faire Biondi, par exemple. La sonorité choisie par Héloïse Gaillard à la flûte est un peu en retrait, laissant ainsi la partition s'imposer sans la tirer à elle par un excès de spectacle. La virtuosité éblouissante de Roos, comparable à la sensualité du jeu de Carmignola, est tout autant intéressante et justifiable.

D'ailleurs, la violoncelliste Ophélie Gaillard opte pour quelque chose de nettement plus brillant, de sorte que ce disque présente deux visions de la musique de Vivaldi. On pourra même entendre quelque chose de tragique dans les deux pages pour violoncelle, les Concerti RV401 et RV424, tous deux en des tonalités mineures. Le dernier est donné dans une grande richesse de nuances, avec beaucoup de sensibilité, n'hésitant pas à affirmer la mélodie presque rageuse du premier mouvement comme on le fera volontiers deux siècles plus tard.

Avec ce sixième disque, Amarillis poursuit un travail d'une appréciable précision, amorcé il y a déjà dix ans. Cet ensemble continue ainsi de s'imposer comme l'un des plus pertinents de la scène baroque. Signalons également un livret relativement didactique, détaillé et documenté.

BB