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Chroniques
Antonio Vivaldi
concerti pour violoncelle
Le présent disque propose un tour d'horizon du Vivaldi violoncelliste, soit sous forme de compositions originales, soit à travers des transcriptions d'œuvres conçues pour le violon, la viole d'amour, ou encore la voix humaine.
Des quelques vingt-cinq concerti écrits par le Prêtre roux pour cet instrument, on en trouvera trois ici, aux contrastes évidents. Le Concerto en ut mineur RV 401 s'ouvre sur un mélancolique Allegro retenu, joué ici dans une délicatesse particulière, articulant des mélismes discrets ; arrive ensuite un Adagio que les artistes de cet enregistrement prennent plutôt andante, sans s'attarder outre mesure et en évitant tout pathos. De même s'achève-t-il sur un Allegro ma non molto qui confirme l'impression de demi-teinte subtile que laisse cette page. Le Concerto en si bémol majeur RV 423 commence de façon nettement plus triomphante par un Allegro rebondissant donné ici avec une dignité un peu pompeuse mais jamais lourde ; suit un splendide Largo lamentoso typique de l'écriture du maître vénitien que Yo-Yo Ma articule avec un lyrisme raffiné. Plus furieux, l'Allegro final vient poser la dernière touche à ce modèle du genre, dans l'effervescence des cordes de l'Amsterdam Baroque Orchestra. Enfin, Concerto en sol mineur pour deux violoncelles RV 531 bénéficie d'une lecture musclée sous les archets de Yo-Yo Ma et Jonathan Manson. Au pupitre, Ton Koopman développe une vivacité très incisive faisant contraste avec les autres moments du disque, soulignant judicieusement les syncopes initiales de l'Allegro final.
À ce programme viennent s'intercaler des transcriptions de pièces d'opéras ou d'oratorios écrites pour voix de femme : le Laudamus te extraite du Gloria, l'aria a gloria del moi sangue extraite de l'opéra Il Giustino, Dite Oihmè et Cosi sugl'occhi mei tirées de La Fida Ninfa , ou encore Nolis, O cara, te adorantis et Quanto magis generosa du célèbre oratorio Juditha triumphans. On retrouvera également un mouvement de L'Hiver et le Concerto pour viole d'amour RV 540 également transcrits pour violoncelle.
« Je voulais un disque avec une palette plus variée, explique Ton Koopman. À l'époque de Vivaldi, personne n'aurait trouvé à redire à ce que j'ai fait ; c'était alors une pratique courante, si l'occasion s'en présentait. » Yo-Yo Ma, qui joue sur un Stradivarius de 1712 auquel sont apportés quelques modifications, précise : « Pour que cette musique puisse s'exprimer par sa propre voix, il nous a nécessairement fallu retrouver l'état d'origine de l'instrument. Les cordes en boyau, l'absence de pique et son chevalet moins arqué contribuent tous à son caractère plus feutré, plus intime. » Le résultat est une réalisation délicate et inhabituellement intériorisée.
AB