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Chroniques
Arthur Honegger – Darius Milhaud
La Danse des morts – L’Homme et son désir
Deux œuvres pour ce disque, toutes deux inspirées par l'œuvre de Claudel : L'Homme et son désir de Darius Milhaud (1892-1974) et La Danse des morts d’Arthur Honegger (1892-1955). L'une fut écrite en 1917 par le secrétaire du diplomate et poète, l'autre une vingtaine d'années plus tard par le plus parisien des compositeurs suisses.
Les comédiens le savent bien : le verset claudélien ne supporte guère l'emphase. De même l'expression de sa foi n'a-t-elle rien d'éthéré, et au contraire se vit et s'incarne avec poids et présence. Et dans son théâtre, c'est toujours par la chair que Dieu passe, et non par des envolées extatiques abstraites. Aussi, l'enregistrement d'Edmon Colomer à la tête d'un très performant Orchestre de Picardie semble-t-il en accord avec cette idée peut-être non reçue de beaucoup de musiciens et de commentateurs. Évitant toute grandiloquence, favorisant toujours une lisibilité remarquable, sa version de la Danse ne souffre d'aucune complaisance, et c'est tant mieux ! Le Chœur de Radio France est ici d'une clarté exemplaire, ainsi que le baryton Hubert Claessens, toujours nuancé et sensible. Si Anne-Sophie Schmidt reste un peu faible, le travail de Claire Brua bénéficie d'une plénitude appréciable. On aura toutefois des difficultés à adhérer à la proposition de Lambert Wilson, d'un lyrisme exagéré, une sorte de stéréotype de ce qu'il est convenu de considérer comme une lecture édifiée d'une piété indiscutable, et dont j'ai – on voudra bien m'excuser ! – l'outrecuidance de douter. Bref, à force de vouloir convaincre et convertir, il dessert le texte.
Dans la partition de Milhaud, on appréciera un dosage précautionneux donnant lieu à une lecture fiable, un peu droite par endroits, mais d'une indéniable lisibilité. L'œuvre permet d'entendre la qualité de chaque pupitre, présentant ainsi les instrumentistes de l'Orchestre de Picardie ; la formation s'avère équilibrée dans ses forces. L'interprétation est fort calme, sans le moindre emportement, ne cédant à aucune des tentations de fatras exotique ; c'est de ce fait assez étonnant. Ce n'est à aucun moment motivé par la dynamique, ce qui confère un caractère d'anodin intemporel assez déroutant et tout à fait juste, il me semble.
HK