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Chroniques
Au delà de la musique
un portrait de Montserrat Caballé
TDK nous propose aujourd'hui un DVD entièrement consacré à l'une des plus grandes sopranos du siècle précédent, Montserrat Caballé. Son titre, Caballé, au delà de la musique, prévient l'acheteur qu'il s'agit bien d'une biographie de la diva catalane et non d'une simple compilation de récitals. C'est donc l'occasion pour elle de nous raconter ses origines, ses débuts difficiles et l'histoire de son ascension vers la gloire, à travers de superbes images d'archives, illustrées par ses plus beaux moments phonogéniques.
N'étant pas reconnue dans son pays, la chanteuse espagnole dut s'exiler à Bâle puis à Brême – dans « les pays nordiques », comme elle dit. Elle se maria avec son Pinkerton, Bernabé Marti, après une série de représentations de Butterfly, début d'une passion et d'une histoire d'amour qui semble durer encore… C'est à New York, avec le remplacement impromptu de Marilyn Horne dans Lucrezia Borgia en avril 1965, que la carrière de Montserrat devint internationale. Très vite, elle est demandée par les plus grandes scènes lyriques du monde et elle s'empare de tous les grands rôles du répertoire qui convenaient à sa voix immense.
Bohême, Traviata, Butterfly, Elvira… La liste des rôles de la Caballé serait trop longue à détailler ici. Pour reprendre les propos de Loan Holender, le directeur du Wiener Staatsoper, elle a tout chanté, de Norma à Isolde, d'Elvira à Salome, de Tosca à Sieglinde et le succès était toujours au rendez-vous.
Le présent DVD se compose de huit chapitres aux sous-titres assez pompeux, tels La signification de la musique, Principes, etc., qui n'ont rien à voir avec la facilité et le plaisir qu'on prend à écouter et à regarder la Diva. On regrettera la brièveté des extraits filmés des grands moments de sa carrière ; en particulier, on rêve de découvrir dans son intégralité le premier incunable constitué par Le Pirate de Bellini donné à Pleyel en 1966, devant un public parisien en délire… Mais la qualité des documents présentés ici nous fait rêver à une disponibilité inespérée de sa Turandot de Garnier, de son Roberto Devereux d'Aix, de ce Trouvère de légende d'Orange…
Il est difficile de résister à la gentillesse, à la sincérité et au charisme de la cantatrice. L'accumulation d'hommages, plus ou moins appuyés, des plus grandes gloires du monde musical, n'apporte pas grand' chose à sa gloire, à la différence des extraits d'interviews et de duos avec des stars comme Di Stefano, Carreras, Pons, etc.
Le chapitre 5 met curieusement en parallèle Maria Callas et Freddie Mercury, le chanteur du groupe rock Queen, pour la complicité et l'amitié qu'ils entretenaient avec Caballé. Par ailleurs, on découvre avec surprise son grand engagement dans la lutte contre le SIDA, après le décès du chanteur, et son goût immodéré pour le cross-over. L'extrait de la Tosca de Londres, dans la mise en scène conçue par Franco Zeffirelli pour la Callas, donne lieu à une anecdote amusante et nous dépeint une partie peu connue de leurs relations.
Pour finir, la relève semble assurée par la ravissante Montserrat Marti, fruit des amours lyriques des époux Marti-Caballé, pour laquelle la diva catalane nourrit les plus grands espoirs…
MS