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Chroniques
Baldassare Galuppi
L’Olimpiade | L’Olympiade
Prince crétois, Licida convainc Megacle, assurément plus entraîné, de participer aux prochains jeux sportifs organisés à Olympia et d’obtenir pour lui la récompense promise au vainqueur : la main de la princesse Aristea. Amoureux lui aussi de cette dernière mais étant redevable à son ami de lui avoir sauvé la vie jadis, Megacle accepte, le cœur déchiré. En parallèle, la rencontre d’Argene, déguisée en bergère, et d’Aristea nous apprend que la première, fiancée abandonnée par Licida, a fuit un mariage arrangé avec Megacle, ce jeune homme qui ne laisse pas Aristea indifférente. Pour celle-ci, la joie de le savoir vainqueur des jeux se mue en douleur devant la révélation du pacte amical. Si le deuxième acte se clôt sur la noyade annoncée de Megacle et l’emprisonnement de Licida pour sa tricherie, le troisième délivre chacun de ses tourments, d’autant que le roi Clistene reconnaît en Licida son fils Filinto autrefois exposé après une prédiction de l’oracle.
Chantre de l’opéra comique vénitien sinon son créateur, Baldassare Galuppi (1706-1785) se tourne vers le genre seria à une époque où les dramma per musica de Métastase sont devenus des modèles de référence – avec un record détenu par Artaserse (1730) utilisé par plus de quatre-vingt musiciens, les vingt-six textesdu poète ont toujours inspiré plusieurs fois. « Les pièces de jeunesses, rappelle Olivier Rouvière, connurent un succès particulièrement durable, du fait de leur action mouvementée, riche en rebondissements, au sein de laquelle les adaptateurs pouvaient aisément intervenir, sans risquer de bouleverser l’économie du drame. » (in Métatstase – Pietro Trapassi, musicien du verbe, Hermann Éditeurs, 2008). C’est le cas de L’Olimpiade, créé à Vienne par Caldara (28 août 1733), à Milan par Galuppi (26 décembre 1747, durant le Carnaval)… et une cinquante d’autre fois.
Enregistrée au Teatro Malibran (Venise) en octobre 2006, cette production jouit de la direction d’acteurs soignée de Dominique Poulange, qui s’accommode de situations psychologiques décrites en détail (le troisième air n’arrive qu’après une demi-heure), ainsi que de costumes et de décors classiques forts élégants. Modeste aux saluts, l’équipe vocale se révèle pour le moins magnifique.
Dotée d’une voix fraîche et juvénile au mezzo charnel, naturel et charismatique, Franziska Gottwald (Licida) jouit également d’un legato délicieux et d’une agilité appréciable dans le da capo ; le style est parfait et la note toujours juste. Pour sa part, Romina Basso (Megacle) livre des vocalises faciles, adroites et colorées, brillamment ornementées, en plus de graves sonores. Ruth Rosique (Aristea) passe de récitatifs assurés avec fermeté à un chant facile, aux attaques sûres. Roberta Invernizzi (Argene) n’est pas en reste, fiable même dans l’hystérie. Furio Zanasi (Alcandro) séduit par nombre de ses qualités : ampleur, vaillance, souplesse et délicatesse. Filippo Adami (Aminta) est plus à l’aise dans les airs véloces, lorsque la voix est canalisée et l’impact concentré. Seul Mark Tucker (Clistene pinchard) déçoit réellement, avec un chant peu conduit et son timbre ingrat.
En fosse avec le Venice Baroque Orchestra, Andrea Marcon contribue au succès de cette production en mêlant une touche galante à sa direction vivace et fraîche, en accord avec une partition qui évoque d’abord Vivaldi (troisième mouvement de la Sinfonia), puis Mozart et Cimarosa, à mesure que le classicisme en émerge.
SM