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Chroniques
Benjamin Britten
War Requiem Op.66
Il faudrait élever des statues à Kurt Masur, tant ce musicien est un modèle de curiosité et d'ouverture. Alors que de très grands chefs se contentent de gérer sur leurs vieux jours un répertoire articulé autour de quelques pages essentielles, l'ancien directeur musical du Gewandhaus de Leipzig a toujours été ouvert à la découverte de nouvelles partitions. Directeur En poste au New York Philharmonic, il apprenait Ives et Ruggles ; à la tête de l'Orchestre National de France, il conduit le Martyre de Saint Sébastien de Debussy ou Psyché de César Franck.
Ainsi, ce nouveau disque enregistré en concert en mars 2005 au Royal Festival Hall propose une lecture d'un des sommets de la musique britannique, le sublime War Requiem Op.66 de Benjamin Britten. Kurt Masur dirige une autre phalange dont il a charge : le London Philharmonic Orchestra. Lors de son règne à New York, cet artiste avait déjà gravé une version bien oubliable de la partition (Teldec) ; visiblement peu à l'aise avec cette esthétique, Masur signait alors un enregistrement flou, manquant sévèrement d'arêtes. Fort heureusement, ce remake est d'un tout autre niveau. La conduite combine la précision et l'élan dramatique, tandis que le travail sur les textures est magnifique. Souvent raillé pour son absence d'identité sonore, le London Philharmonic sonne avec de belles couleurs tranchantes mais musicales.
La distribution vocale – Christine Brewer, Anthony Dean Griffey et Gerald Finley – se montre formidable d'engagement et de tension. Il faut décerner une mention très bien aux formations chorales : le London Philharmonic Choir et le Tiffin Boy's Choir. Porté par une intense émotion, ce concert ne peut certes pas rivaliser avec le disque légendaire du compositeur (Decca), mais il s'agit d'une belle référence moderne de cet opus.
PJT