Chroniques

par samuel moreau

Benjamin Britten
Billy Budd

1 coffret 3 CD Virgin Classics (2009)
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Benjamin Britten | Billy Budd

Lorsqu'Herman Melville esquisse les premières pages de l'histoire de Billy Budd fin 1888, il a près de soixante-dix ans, et rédige là son dernier ouvrage, achevé au printemps 1891, quelques mois avant sa mort. Il s'inspire directement d'un événement connu, The Mackenzie Case, survenu en 1842 à bord du brick de guerre Somers. Quant à eux, Edward Morgan Forster et Eric Crozier s'entendent pour situer l'action durant l'été 1797, à une époque où les mutineries au sein de la marine anglaise connaissent une période de grande brutalité, mais s'opposent sur la caractérisation et la prédominance à donner à tel ou tel personnage, au cœur du drame.

Le 1er décembre 1951, après Paul Bunyan (1941), Peter Grimes (1945), Albert Herring (1947) et avant Owen Wingrave (1971), le public accueille avec succès un nouveau personnage que Benjamin Britten a eu bien du mal à mettre au monde. La collaboration avec ses deux librettistes n'a pas été facile, et cinq versions seront réalisées au cours de l'année 1949. Souvent, le compositeur songe à abandonner, et Crozier s'afflige de le voir « aussi tourmenté et pitoyable », ajoutant que « son état le rend dans le même temps vaguement honteux et le met sur la défensive ».

C'est évidemment la version de 1960, condensée en deux actes par Britten selon son idée première, que nous entendons ici, dans un enregistrement ayant eut lieu en public au Barbican de Londres, en décembre 2007. Si l'on peu reprocher à Daniel Harding de diriger le London Symphonie Orchestra avec une vision pointilliste – qui offre peu de relief à l'ouvrage, sauf durant l'efficace scène d'abordage de l'Acte II –, on sera enchanté par la présence de chanteurs accomplis dont Nathan Gunn (Billy Budd convaincant), Gidon Saks (Claggart incarné d'une voix de basse ferme et colorée) et, malgré son peu de souplesse à rechercher l'aigu, Ian Bostridge (Vere).

SM