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Chroniques
Benjamin Britten
Let’s make an opera | Faisons un opéra
Benjamin Brittens'est toujours beaucoup investi afin que les jeunes découvrent la musique (notamment avec The Young Person's guide orchestra). Let's Make an Opera et The Little Sweep vont encore plus loin que L'Enfant et les Sortilèges de Ravel ou les Enfantines de Moussorgski. Dans la première partie, des enfants écoutent une histoire racontée par Doris (qui la tient de sa grand-mère), une dame chez qui ils passent leurs vacances. Un petit garçon a été vendu à deux ramoneurs par son père, invalidé par un accident. Ces deux grosses brutes le malmènent et le font grimper dans la cheminée, malgré sa terreur. Ils l'abandonnent et Sam sera sauvé par les enfants de la maison qui, avec l'aide de la gentille nounou Rowan, l'aideront à échapper à l'acariâtre Miss Baggott et à ses méchants patrons. Les petits décident d'en faire un opéra, The Little Sweep. Le thème de l'oppression des enfants par les adultes est récurrent chez Britten, et le librettiste ici est Eric Crozier qui avait écrit le livret d'Albert Herring, autre opéra où un jeune doit échapper aux adultes, assez ludique lui aussi et se terminant bien [lire notre critique du DVD]. D'ailleurs, le compositeur était très attaché personnellement à cet opéra de poche (un quatuor à cordes, quelques percussions et un piano quatre mains), où il a adapté l'écriture aux capacités de ses interprètes en herbe.
Le réalisateur Petr Weigl a choisi de mettre en scène des acteurs doublés par des chanteurs ; comme les techniques de doublages sont maintenant bonnes, ce n'est pas dérangeant. Le prologue, parfois un peu longuet, montre des scènes assez amusantes, mais pas toujours gentilles, de la vie quotidienne d'une ville idyllique d'Angleterre, avec ses magnifiques bâtiments et ses parcs. L'on voit aussi Doris raconter l'histoire et la préparation de l'opéra par les enfants, les jeunes gens et les adultes qui y prennent un grand plaisir. La construction des décors et la distribution des rôles se déroulent devant nos yeux.
Cela aboutit à une interprétation parfaite en tous points. Le rôle de Miss Baggott est distribué à Doris, amusante et grincheuse à souhait, jouée par Jiřina Jirásková et chantée par Felicity Palmer, tandis que la gentille Rowan est jouée par la femme de chambre pleine d'énergie – Dagmar Veškrnová doublée par la voix superbe du soprano Kate Flowers. Les enfants sont tous excellents de vérité et de naturel, et l'aînée, Dana Morávková, est doublée par le délicat soprano Lisa Milne. Sam est très attachant – Johan Kolinsky doublé par Edward Yeo. Les deux vilains ramoneurs sont doublés par les chanteurs Stephen Richardson et John Graham Hall.
Le public se voit confier certaines parties : le chœur du début où il est ordonné à Sam d'aller ramoner les cheminées, l'entraînante scène de la baignoire ou le magique chant nocturne. Dans le film, il chante de son mieux malgré plusieurs éléments indisciplinés et comiques. C'est le chœur professionnel City of Birmingham Symphony Chorus qui assure la partie vocale. Toute l'équipe est dirigée avec attention par Simon Hasley. Malgré les longueurs du prologue, ce DVD est le seul enregistrement du Petit Ramoneur disponible en France et l'œuvre vaut vraiment d'être entendue.
SC