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Chroniques
Bruno Berenguer
Denise Duval
Denise Duval nous était familière mais demeurait comme étrangère. Avec cette biographie à l'iconographie abondante, Bruno Berenguer – dont les recherches permettent de mieux connaître des compositeurs nationaux tels Ferroud, Ibert et Sauguet – revient sur une carrière qui débute à Bordeaux en 1942 (Santuzza, dans Cavalleria rusticana de Pietro Mascagni) et se termine brutalement en 1965, lorsque des problèmes de santé l'obligent à se retirer de la vie lyrique.
Bien sûr, Denise Duval participa à la création de trois œuvres majeures de Francis Poulenc (1899-1963) : Les Mamelles de Tiresias le 3 juin 1947 (fraîchement débauchée des Folies Bergères où elle fit ses débuts parisiens), Dialogues des Carmélites le 21 juin 1957 et La voix humaine le 6 février 1959 ; mais il ne faut pas oublier qu'elle fut aussi Salome, Thaïs, Manon, Butterfly, Mélisande et bien d'autres… Seul un emploi du temps chargé la détourne de la création française de Lulu, à Marseille, en 1963.
À part les épisodes plus charnus consacrés aux collaborations avec Poulenc, on pourra reprocher à cette biographie un côté un peu squelettique, à savoir, une énumération un peu froide de dates et de prises de rôle, de comptes rendus de critiques musicaux. Pudeur de l'intéressée, de l'enquêteur ? Sans doute, puisque sa vie privée, sa vie intime n'est jamais abordée. Les interventions directes sont très rares : un mot sur Cocteau, sur le rôle d'amoureuse déchue…
Heureusement, il y a Poupoule et ses déclarations farfelues – extraites d'une trentaine de lettres inédites reproduites dans un chapitre à part. Alors Poulenc, « maquerelle first classe » ? C'est le moins qu'il devait à celle qui fut sa muse.
LB