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Chroniques
Bruno Mantovani
Art d'écho – Da Roma – Blue girl with red wagon – Little Italy – L'ère de rien
Réunissant des captations de deux formations instrumentales, voici un enregistrement où se côtoient des œuvres qui couvrent six ans d'écriture de Bruno Mantovani. Le jeune compositeur – qui fait de plus en plus parler de lui et dont la verve, plutôt que de s'épuiser au fil des commandes comme c'est malheureusement souvent le cas lorsque point le succès, profite de ces sollicitations fiévreuses pour préciser et expérimenter – se trouve assez bien représenté par ce disque qui complète l'abord que proposait Troisième Round (æon, 2001). Alors qu'une quinzaine de pièces pour divers effectifs sera jouée ici et là durant ce premier trimestre de la saison – comme Da Roma et Blue girl with red wagon, présentes sur ce CD –, dont Moi, jeu... que découvrira le public pékinois, l'auditeur qui n'a pas forcément loisir de courir les salles de concert pour se faire une idée de chaque créateur rencontrera par le biais de ce numéro 1 du nouveau label Sismal Records de quoi remédier avantageusement à ses absences.
Conçue il y a deux ans, Da Roma est ici servie par le Trio Modulations que constituent Odile Auboin (alto), Alain Billard (clarinette) et Hideki Nagano (piano), tous trois solistes de l'Ensemble Intercontemporain. L'interprétation qu'ils en livrent se montre précise et vibrante. Blue girl with red wagon (pour piano et quatuor à cordes), sa contemporaine, s'inspire d'une toile de Robert Guinan qui attira l'œil de Mantovani lors d'une exposition proposée par la Villa Médicis pendant sa résidence ; ligne médiane de ce programme, elle en accuse sans doute le plus certainement l'extrême raffinement, ici traversé d'une tension discrète. Les membres deL'Itinéraire s'y révèlent inspirés.
Little Italy (2004) – dont l'auteur dit qu'il ne l'aurait pas écrit pour l'alto mais contre lui – colore prodigieusement l'instrument d'Odile Auboin dont fascine le jeu tout en relief. « Voyage musical à travers les continents » selon le compositeur, L'ère de rien (2002) convoque la flûte, la clarinette et le piano. Alors qu'il a ce génie particulier des fins qui se disloquent en des respirations moins articulées, Mantovani surprend ici en précipitant une sorte de bref embryon de toccata en guise de conclusion. Art d'écho (1998), qui donne son nom au disque, est destiné à l'orchestre. À la tête de L'Itinéraire, Mark Foster en répand soigneusement les lavis. Pour finir, précisons que s'ouvre par le présent disque une collection nouvelle, enregistrée à Radio France, qui fêtera les compositeurs en résidence à la Villa Médicis.
HK