Chroniques

par hervé könig

Charles Koechlin
œuvres pour orgue

1 CD Skarbo (2004)
DSK 2034
Charles Koechlin | œuvres pour orgue

« L'Ancienne Abbaye disparaît, ensevelie sous la Forêt nouvelle. Mais souvent, près de ces ruines, l'Homme songe au passé – aux voix qu'on entendait parmi ces pierres : voix naïves, confiantes et fidèles, voix sincères, ferventes et graves, langage d'une vraie foi, chant des anciens cloîtres, voix des primitifs, voix très pures. »

Riche de deux cent vingt-cinq opus, l'œuvre variée de Charles Koechlin (1867-1950) est d'une originalité qu'on ne cesse de redécouvrir. Ses premières compositions furent des mélodies et des chœurs et cette inscription en tête de sa partition L'Abbaye Op.16, nous rappelle son intérêt pour la voix. L'œuvre fut conçue entre 1899 et 1902, pour chœur, orchestre et orgue. Une seconde version inédite et plus développée (l'opus 42) fut écrite entre 1906 et 1908 – et le final orchestré en 1920. Par des indications manuscrites retrouvées, on sait que le compositeur souhaitait une interprétation « sans nuances et lié » de cette « suite religieuse ».

À l'Orgue de l'Église Saint-Médard de Paris,Jean Galard y parvient, faisant du Prélude un cheminement sans à-coups vers le climat mystique attendu. De l'Ave Maria aérien qui suivra – presque une berceuse – jusqu'au Sanctus final, les douze chanteurs de l'Ensemble Vocal Français, sous la direction de Gilbert Martin-Bouyer, conservent la douceur paisible installée au départ (en particulier dans les passages a cappella).

En 1929, le professeur de Poulenc et Sauguet compose Trois Sonatines pour orgue Op.107. Ce travail privilégie la brièveté et la diversité : les moments légers (récurrence de la Pastorale et de l'Allegretto) alternent avec des passages plus graves sans toutefois aller jusqu'au recueillement (l'Andante de la Deuxième, par exemple). Enfin, deux courtes œuvres complètent le programme : le Choral Op.98a sur une basse donnée de Renée Philippart (1927), élève du compositeur depuis 1923, et le Choral en fa mineur Op.90b (1935).

Malgré quelques imperfections vocales, on retiendra de ce disque avant tout le soin apporté à l'élaboration d'une atmosphère raffinée, servie par des couleurs délicatement distribuées.

HK