Chroniques

par laurent bergnach

Christophe Rousset
François Couperin

Actes Sud / Classica (2016) 224 pages
ISBN 978-2-330-06585-0
Christohe Rousset raconte François Couperin

Près de dix ans après son ouvrage sur Jean-Philippe Rameau [lire notre critique de l’ouvrage], Christophe Rousset invite le lecteur à (re)découvrir François Couperin, autre musicien Français, à la vie bien peu spectaculaire mais dont l’art tendre, sentimental et nostalgique témoigne d’un génie constant, et chuchote aux âmes disponibles, à l’instar de celui de Proust et de Vermeer.

Enfant unique de Charles et Marie, Couperin naît à Paris le 10 novembre 1668, dans un temps où Louis XIV règne sans partage, favorisant l’élévation morale au théâtre (Racine, Corneille) et l’héroïsme à l’opéra (Lully) – « l’homme se situe au monde dans une verticalité tendue vers Dieu », résume le fondateur des Talens lyriques, en spécialiste de l’époque [lire notre chronique du 20 août 2016]. Formé par Jacques Thomelin (1635-1693), un des quatre organistes à la Chapelle du roi avec Buterne, Lebègue et Nivers, le jeune homme devient titulaire des orgues de Saint-Gervais (1689) que tinrent son oncle Louis puis son père jusqu’à leur décès. La même année, il épouse Marie Anne Ansault qui lui donnera deux filles et deux fils.

La mort du maître désigne le novice à sa relève à Versailles. Couperin y enseigne et accompagne, en plus de faire entendre ses propres compositions qu’il a le privilège d’éditer lui-même, sans passer par Ballard, l’imprimeur officiel (1713). L’agonie du souverain le laisse sans appuis dans un univers moins codifié et plus sensuel, celui de la Régence (1715-1723). Couperin s’éteint dans sa ville natale, le 11 septembre 1733, à l’âge de soixante-cinq ans.

Entre deux Messes d’orgue (1690) et le Quatrième livre de pièces de clavecin (1730), cet artiste de la transition offre une vingtaine d’œuvres à effectif réduit, essentiellement profanes, où point l’influence de Corelli (1653-1713) : Concerts royaux (1714), Trois leçons de ténèbres du Mercredi Saint (1717), Les Goûts réunis (1724), Les Nations (1726), Pièces de violes (1728), etc. Déjà mince, ce catalogue nous est parvenu incomplet (cantate Ariane abandonnée, musique chorale, Trios, etc.).

Sans faits marquants ni correspondance notable, la vie de Couperin se résume en quelques pages qui constituent le début du livre. Pour l’étayer, Christophe Rousset trouve des astuces comme citer souvent artistes et musicologues (Citron, Raison, Tessier, etc.) ou les préfaces éclairantes de Couperin lui-même, ce qui donne lieu à de nombreuses répétitions, d’un chapitre à l’autre. L’essentiel se trouve dans une analyse subtile de l’Europe musicale et de chaque étape d’une œuvre malheureusement amputée de manuscrit autographe.

LB