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Chroniques
Claude Debussy – Charles Koechlin
Sonate pour violoncelle et piano – Chansons bretonnes Op.115 – Sonate Op.66
Au début des années trente, l'intérêt croissant de Kœchlin pour la modalité le conduit à composer Vingt Chansons bretonnes (1931), orchestrées trois ans plus tard. Sous-titrées Sur des thèmes de l'ancien folklore, et réunies en trois recueils, ces pièces s'inspirent du Barzaz Breiz (trésor poétique de la Bretagne), un recueil compilé par le Vicomte Hersart de la Villemarqué, publié pour la première fois en 1839. Cet érudit du XIXe siècle, qui collecta des chants traditionnels en Cornouaille et fut un des premiers à rechercher l'origine des romans de la Table Ronde, obtint un fort beau succès avec cet ouvrage, mais des polémiques furent engagées sur l'authenticité des allusions historiques et des textes originaux utilisés. Réhabilité dans la seconde moitié du siècle suivant, l'écrivain offre donc au musicien matière à rêver sur des ballades contant les croisades, la vie des druides et celle du Roi Arthur, dans un monde partagé entre tendresse et cruauté.
De ces chansons populaires, les arrangements que Kœchlin propose sont simples et raffinés. Le violoncelle, avec ses trois registres et son expressivité sombre, constitue un instrument idéal pour accompagner ces pièces aux climats certes divers, mais où une certaine mélancolie domine. Cependant, si les airs gais sont rares (Le Vin des Gaulois, Notre-Dame du Folgoat), le compositeur a évité de verser dans le lugubre (montée à l'échafaud, meurtre de moines impies, etc.). Dans des œuvres parfois brèves (une minute, en moyenne), son style harmonique dépouillé tranche avec la complexité des poèmes symphoniques.
Sans en accentuer le possible lyrisme, dans une sobriété exemplaire et, du coup, directement touchante, le violoncelliste Peter Bruns chante discrètement ces vingt miniatures précieuses, accompagné par le piano gracieusement nuancé de Roglit Ishay.
À ce programme s'ajoutent deux sonates pour violoncelle et piano : l'opus 66 de Kœchlin, conçu en 1917, et celle de Debussy, écrite en 1915. Cinquième d'une série de neuf sonates pour divers instruments et piano composées entre 1911 et 1925, cette dernière comporte trois mouvements à la subtile relation thématique sans pour autant être cyclique. Achevée en même temps que ses douze Études pour le piano, Debussy la confie à son éditeur avec ces mots : « Il ne m'appartient pas d'en juger l'excellence, mais j'en aime les proportions et la forme, presque classiques dans le beau sens du terme ».
C'est, en revanche, dans ces deux sonates que les artistes réunis par ce disque libèrent une expressivité plus lâche, et principalement dans le fort bel andante central de celle de Kœchlin, porté par un souffle généreux.
HK