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Chroniques
Corinne Schneider
Reflets schubertiens
La musique de Schubert (1797-1828), c'est presque mille partitions, comprenant plus de six cents lieder, une vingtaine d'opéras – dix sont achevés –, neuf symphonies, une multitude de pièces religieuses – dont six messes –, près d'une trentaine de pièces de musique de chambre – une quinzaine de quatuors –, une vingtaine de sonates pour piano, etc. ; le tout composé en moins de vingt ans. Or, cette production colossale a été découverte lentement, saisie dans toute son ampleur et son importance que plus d'un siècle après la disparition du compositeur. Le présent ouvrage, proche d'une recherche archéologique, ne s'attache pas à l'analyse d'un processus créateur mais au trajet des œuvres, de leur écriture à leur redécouverte.
À vingt-et-un ans, Schubert a déjà écrit plus trois cent cinquante lieder et ses partitions circulent depuis quelque temps déjà – copiées, échangées, interprétées –, grâce à un cercle d'amis fidèles. En 1825, frustré de se voir réduit à un auteur de lieder et de danses, il élargit l'éventail de ses éditeurs et réussit à faire imprimer d'autres œuvres. Sur la centaine publiée de son vivant, la moitié le sera dans les trois dernières années. À sa mort, personne n'a idée de la somme qu'il reste encore à découvrir.
Ferdinand Schubert, le frère aîné, est le premier à recenser les manuscrits posthumes, tandis que les poètes mis en musique par le Viennois collectent les inédits. Là encore, les éditeurs s'arrachent les lieder, délaissant opéras, cantates et symphonies, et c'est grâce à Robert Schumann que ces trésors verront le jour. À sa suite, Mendelssohn, Brahms, Mahler, et Liszt participent à leur redécouverte, que se soit par la supervision, la transcription ou l'exécution, préparant les hommages futurs rendus par Reger, Schönberg ou encore Berio.
On se demande comment le livre de Corinne Schneider (docteur en musicologie et enseignante), en si peu de pages, arrive à évoquer encore les cheminements de l'édition complète, l'accueil parisien de l'œuvre, les productions d'opéra, les premiers enregistrements discographiques, l'accompagnement cinématographique, etc. La réponse est simple : un style dépouillé visant à l'objectivité, qui présente l'essentiel sans être aride. Une biographie sommaire ainsi que de nombreux tableaux récapitulatifs (listes d'œuvres, principalement) complètent efficacement cet ouvrage passionnant à plus d'un titre.
LB