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Chroniques
Danny Porché
10 rendez-vous en compagnie de Yannis Kokkos
« Le théâtre est un lieu privilégié où l'on peut travailler à la fois sur le macrocosme et le microcosme ». Par une simple phrase, Yannis Kokkos laisse entendre à quel point cet art est un univers à lui tout seul, de même que la discipline qu'il exige est un chemin aux nombreux détours.
Initié à la scénographie dans la France des années soixante, le jeune Athénien inscrit son nom sur les affiches dès 1965. Quatre ans plus tard, on le retrouve aux côtés d'Antoine Vitez pour une collaboration qui, durant deux décennies, les conduira du Théâtre des Quartiers d'Ivry à la Comédie-Française, en passant par Chaillot. En 1987, il réalise sa première mise en scène, et alterne depuis théâtre et opéra. Dans ce dernier domaine, son succès est européen : outre Wagner (Cardiff), Berlioz (Paris) et Debussy (Massy), il aura monté L'Oresteia de Xenakis (1987), Tristes tropiques d'Aperghis (1996), Outis de Berio (1999) jusqu'à The Bassarids de Henze, dernièrement au Châtelet [lire notre chronique du 15 avril 2005].
Ce deuxième titre de la collection Les Ateliers de théâtre est la mise en œuvre d'un projet de l'ANRAT (Association Nationale de Recherche et d'Action Théâtrale), laquelle cherche à promouvoir l'initiation des jeunes à l'art de la scène, sur le temps de leur scolarité. L'idée repose sur une collaboration entre un artiste et un enseignant, et le cahier des charges le suivant : si vous aviez à concevoir l'initiation pratique d'une classe, en une dizaine de séances de deux heures, que lui proposeriez-vous ?
Yannis Kokkos et Dany Porché ont souhaité mettre les élèves « en situation d'invention toujours renouvelée ». Les exercices proposés ne visent pas à cultiver la diction ou la justesse du jeu, mais à apprivoiser un espace, son propre corps dans cet espace.
Pour comprendre la notion de cadre, de mise en scène, de composition des groupes, il est conseillé de regarder vers d'autres supports artistiques, comme la peinture classique (Le Caravage), la musique (les sujets antiques de Gluck) le cinéma (Apocalypse Now), la bande dessinée, la photographie, etc. D'étape en étape, par évaluations mutuelles, les groupes d'élèves prennent ainsi conscience de la complexité de donner du relief à un texte tel queLa Tempête. En cela, chaque spectateur d'opéra est un apprenti, et ce livre largement illustré, adressé à tous, permet d'aiguiser un peu plus son sens analytique et critique.
LB