Chroniques

par laurent bergnach

Denis Morrier
Chroniques musiciennes d'une Europe baroque

Fayard / Mirare (2006) 256 pages
ISBN 2-213-62735-5
Chroniques musiciennes d'une Europe baroque, par Denis Morrier

Parcourir l'Europe des XVIIe et XVIIIe siècles et découvrir la musique qui, alors créée, s'est imposée durablement, voilà ce que nous propose le musicologue Denis Morrier – par ailleurs l'auteur d'ouvrages sur Monteverdi et Gesualdo. Durant une période traditionnellement comprise entre 1580 et 1750, la plus extrême diversité règne à travers le continent, de l'Angleterre à la Pologne, de la Suède au Portugal : il n'y a pas d'unité de style, d'idée ni même des pratiques musicales.

Le livre s'attache aux notions fondamentales qui ont marqué la floraison du baroque, et recense les événements historiques qui, en premier lieu, ont changé la vie culturelle : L'Édit de Nantes (1685) qui chasse hors de France de nombreux musiciens de premier ordre, l'art prosélyte de la Contre-Réforme, les intempéries qui déciment les populations du Nord, etc. Les empires se mettent en place, mais si un absolutisme ambitieux aiguillonne le développement de Londres et de Paris, un tremblement de terre suffit parfois – comme à Lisbonne – pour qu'une puissance économique s'effondre.

À l'époque, l'adjectif baroque, à la double origine portugaise et néolatine, avait une connotation péjorative. Au cours du Grand siècle, il devient synonyme de bizarre, tarabiscoté et saugrenu. En 1767, Jean-Jacques Rousseau définit comme baroque une musique « dont l'harmonie est confuse, chargée de modulations et de dissonances, le chant dur et peu naturel, l'intonation difficile, et le mouvement contraint ». Il faut attendre les universitaires allemands du XIXe siècle pour qu’apparaissent les premiers emplois positifs du terme. On évoquera alors un art du mouvement aux caractéristiques mieux définies –ornement, illusion, contraste, etc. L'Ère de la basse continue fait l'objet de recherches plus approfondies, et l'on en recense les racines florentines, romaines ou siennoises.

Dernier chapitre de la première partie, « La diffusion de la musique » rappelle l'importance des voyages de formation – en Italie surtout –, celle des ateliers de copistes jusqu'à l'essor de la musique imprimée à Amsterdam. L'ouvrage, érudit mais simple d'accès, se conclut par un calendrier d'une petite centaine de pages compilant différents faits marquants (publications, créations, inaugurations), de la naissance de Monteverdi en 1567 à la mort de Telemann, en 1767.

LB