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Bien que les idées pour sa Septième Symphonie soient en germe depuis l'année précédente, c'est l'invasion de l'Union Soviétique par l'armée allemande en juin 1941, puis le siège de Leningrad durant 870 jours, qui en déclenchèrent l'écriture proprement dite. L'œuvre est entièrement composée entre juillet et fin décembre, dans des conditions de vie extrêmement difficiles qui entraînent l'évacuation de Chostakovitch et de sa famille à Moscou, puis Kuibychev.

Dmitri Yablonski et l'Orchestre Philharmonique Russe poursuivent leur exploration discographique du répertoire russe du XXe siècle chez Naxos [lire notre critique Hamlet, du même Chostakovitch] avec un enregistrement à la discrétion inattendue, par rapport à ceux de ses aînés, en général plus démonstratif. On remarquera une construction très progressive du premier mouvement, qui commence dans une sorte de confidence, avant d'opposer à un embryon de pastorale des traits de cordes âpres et presque stridents. L'apparition de la marche obsédante est savamment dosée, jusqu'à s'imprégner d'une brutalité tragique qui met une bonne vingtaine de minutes à s'exprimer pleinement. Les équilibres de ce début difficile et éprouvant – qui peut en un rien devenir interminable et ennuyeux – sont particulièrement bien réalisés, dans une lisibilité exemplaire.

C'est dans un calme mystérieux qu'est abordé le deuxième mouvement, un intermezzo élégant où violon et hautbois plaintif échangent les épisodes d'une mélodie plaintive. La Symphonie de Psaumes de Stravinsky est une œuvre que Chostakovitch a beaucoup étudiée, avant et pendant l'écriture de la Septième. Aussi le début du troisième mouvement en porte-t-il la trace, surtout dans le traitement des vents, tandis que les cordes s'affirment mahlériennes, comme bien souvent, ce que le chef souligne à peine d'un éclairage pudiquement lyrique.

Un thème fragmenté sert d'amorce à un final où énergie et rythme dominent, mais également quelque chose d'élégiaque, comme un murmure rappelant le premier mouvement. Cette version s'avère moins triomphante que la plupart, sans doute affranchie de la nécessité de l'époque (la symphonie fut créée le 5 mars 1942 à Kuibychev, avant la première moscovite en 1945, alors retransmisse à la radio sur l'ensemble du territoire.

AB