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Chroniques
Dmitri Chostakovitch
Symphonie Op.60 n°7 « Leningrad »
Le label Naïve, en collaboration avec Radio France, poursuit sa politique d'édition de récents concerts des orchestres de la Maison ronde. Ce présent volume, issu d'un concert donné en mai dernier au Théâtre des Champs-Élysées, célèbre l'anniversaire Chostakovitch par une interprétation toute en maîtrise et en flamme de sa célèbre symphonie Leningrad. Véritable signature du compositeur, cette pièce semble revenir aux premiers plans après quelques années de purgatoire où on lui préférait d'autres symphonies considérées comme « plus profondes musicalement ». Pourtant, cette musique efficace, suggestive et percussive, est sans aucun doute un chef-d'œuvre qui soulève l'enthousiasme du public après chaque exécution.
Grand connaisseur des symphonies de Chostakovitch qu'il dirigea en sa présence lors de son long mandat à la tête de l'Orchestre du Gewandhaus de Leipzig, le grand Kurt Masur était déjà l'auteur d'un honorable enregistrement de cette partition à la tête de la Philharmonie de New-York (Teldec). Le présent concert surpasse largement ce premier essai. En effet, le chef allemand sait construire une interprétation narrative et puissante tout en évitant le spectaculaire gratuit. Le long premier mouvement est merveilleux dans la gestion de la progression et des dynamiques, alors que la dernière partie est cursive à souhait. À la différence de certaines baguettes, Masur ne néglige pas les mouvements centraux qui servent ici de transition entre les deux parties extrêmes de la symphonie. Il bénéficie d'une prestation de très haut vol de son Orchestre National de France, aux vents particulièrement en forme et aux cuivres saillants. La prise de son est assez riche en dynamique pour une captation en direct, et permet à l'auditeur de se régaler d'un Kurt Masur encourageant ses troupes à coup de raclements de gorge.
Aux côtés des deux enregistrements si opposés mais si géniaux de Leonard Bernstein (Sony et DGG) et de ceux de Mariss Jansons (EMI et RCO Live), ce disque ne dépareille pas. Au sein d'une collection Naïve / Radio France passablement inégale, il peut être considéré comme l'un des incontournables, avec le Pelléas et Mélisande conduit par Bernard Haitink.
PJT