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Chroniques
François-André Danican Philidor
Blaise le savetier
Aussi passionné par le jeu d’échecs que par l’écriture des sons, François-André Danican Philidor, dit Le Grand (1726-1795), est issu d’une dynastie renommée de musiciens de cour. Le grand-oncle Michel, hautboïste virtuose au service de la Grande Écurie du Roi, ouvrit les portes de celle-ci au père, André Danican Philidor (c.1652-1730). Surnommé Philidor L’Aîné – pour le distinguer de son frère Jacques (1657-1708), lui aussi compositeur –, celui-ci quitte la trompe marine pour le basson, les campagnes militaires pour la Chapelle de la Reine, enfin l’Académie Royale de Musique pour la Bibliothèque de la Musique du Roi où il seconde, puis remplace, François Fossard dans la collecte et la sauvegarde de manuscrits précieux.
Élève de Campra, François-André écrit son premier motet à l’âge de douze ans. Deux ans plus tard, il exerce le métier de copiste tout en donnant à son tour des leçons de musique. Comme son géniteur qui accompagnait par allégeance le monarque dans les Flandres, le jeune homme a la chance d’avoir grandi à Versailles mais, contrairement à lui, s’éloigne de France pour des raisons idéologiques – à son retour en 1754, le poste vacant à la Chapelle de Versailles lui échappe, d’ailleurs. Son goût pour l’esprit italien, reproché par Rameau mais encouragé par Händel, va faire merveille dans le genre à la naissance duquel il contribue : l’opéra-comique.
Prélude à tant d’autres ouvrages en un acte –La belle esclave(1787), Les femmes vengées (1775), L’amant déguisé (1769), Le tonnelier (1765), Tom Jones (1765/1766) [lire notre chronique du 20 janvier 2006], etc. –, Blaise le savetier est présenté avec succès à la foire de Saint-Germain, le 9 mars 1759. À l’aide d’un langage plutôt châtié pour le lieu, Michel-Jean Sedaine en réalise le livret d’une farce assez classique, inspiré d’un conte éponyme de La Fontaine. On y découvre Blaise et Blaisine mettre un terme à leur querelle domestique pour se débarrasser de leur propriétaire M. Pince, huissier à verge (baguette décorée, symbole de son autorité) venu saisir leurs meubles.
Certes dans la lignée des Troqueurs (Dauvergne, 1753), inspiré aussi par le fabuliste français [lire notre chronique du 28 novembre 2009], le présent ouvrage apparaît beaucoup plus drôle, par son rythme et ses répliques. Cela tient aussi à l’engagement d’amoureux du genre qui, en septembre 2013 et devant public, réalisent la seule version disponible : l’ensemble Almazis, son chef Iakovos Pappas (claveciniste et musicologue), ou encore Paul-Alexandre Dubois (le rôle-titre) – entendu tantôt dans L’ivrogne corrigé de Gluck [lire notre chronique du 7 janvier 2011]. À divers degrés, on apprécie également Caroline Chassany (Blaisine), Élisabeth Fernandez (Mme Pince), Christophe Crapez (M. Pince) et Jérôme Gueller (un recors).
LB