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Chroniques
François-Joseph Gossec
Thésée
Mort presque centenaire, François-Joseph Gossec (1734-1829) fut le contemporain de Rameau, Mozart et Berlioz, mais sans que la postérité lui réservât une place à leurs côtés, dans les livres de musicologie et sur l’étagère des disquaires. Né dans la province de Hainaut, à Vergnies – alors enclave française au sein des Pays-Bas autrichiens, définitivement envahis et annexés en 1795 –, le « Père de la Symphonie » et « Chantre de la Révolution » connait différentes pratiques de la musique (violoniste, directeur artistique, fondateur de l’École royale de chant, etc.), ainsi que des employeurs variés (mécènes, Académie royale de chant, Conservatoire, Institut, etc.). Côté composition, comme le rappelle Benoît Dratwicki dans les pages d’introduction à l’enregistrement soutenu par le Centre de Musique Romantique Française, Gossec laisse une œuvre colossale :
« des dizaines de symphonies et symphonies concertantes, des duos, des trios et quatuors à cordes, des quatuors avec flûte, des sextuors à vent, des messes et des motets, deux grandes tragédies lyriques, plusieurs opéras-comiques [Le Périgourdin, Le tonnelier, Les pêcheurs, etc.], des ouvrages de demi-caractère [Berthe, Rosine] et une abondante musique de ballet [Les Scythes enchaînés, Mirza, etc.] ».
Après Sabinus (1773), Thésée doit le jour à une commande de Devismes du Valgay. Promoteur de l’éclectisme, ce directeur de l’Académie royale de musique au mandat bien éphémère souhaite mettre en relation une reprise d’un ouvrage solide de Lully, créé en 1675, avec une version « moderne », à partir du même livret de Quinault. Celui-ci est tout de même revu par Étienne Morel de Chédeville – l’intrigue secondaire disparaît, ainsi que fut amputé le texte d’Amadis (1684) pour l’ouvrage du « Bach de Londres » (1779) [lire notre critique du CD]. Mettant à vif la patience de Gossec, la présentation de son œuvre au public doit attendre le mardi 26 février 1782, et pour quinze fois seulement.
Enregistré à Liège en novembre 2012, ce Thésée aux influences variées (Gluck, Piccinni, Dauvergne) ne bénéficie malheureusement pas d’une interprétation mémorable. Outre les contrastes soulignés avec violence par Guy van Waas à la tête des Agrémens, un Chœur de Chambre de Namur souvent lointain, il faut signaler beaucoup de faiblesses parmi les chanteurs – Virginie Pochon, Jennifer Borghi, Tassis Christoyannis, etc. –, qu’elles soient techniques (manque de soutien, alanguissement) ou timbriques (minceur, acidité). Cependant, on apprécie l’impact vaillant de Frédéric Antoun (Thésée), la fluidité de Katia Velletaz (La Grande Prêtresse / Minerve) et la rondeur reposante de Caroline Weynants (Dorine).
LB